
Une ancienne employée d'Oxfam a dénoncé mardi plusieurs cas de viols sur ses employés au Soudan du Sud et d'agressions sur des mineurs isolés en Grande-Bretagne. L'ancienne cadre dénonce "une culture de l'abus sexuel".
Le scandale entourant Oxfam prend de l'ampleur avec de nouvelles accusations, mardi 13 février, d'une ancienne cadre de l'ONG britannique. Elle fait état de viols et de tentatives de viols au Soudan du Sud ainsi que des tentatives d'agressions sexuelles sur des mineurs isolés en Grande-Bretagne. Plus généralement, Helen Evans, qui a été directrice de la prévention interne à Oxfam entre 2012 et 2015, dénonce une "culture de l'abus sexuel dans certains bureaux" de son ancien employeur.
"J'ai du mal à comprendre pourquoi ils n'ont pas immédiatement répondu aux appels demandant plus de moyens", a-t-elle expliqué dans un entretien à Channel 4, ajoutant que cela avait mis des gens en danger.
Une étude interne aux chiffres inquiétants
L'ancienne collaboratrice cite une étude réalisée par Oxfam dans trois pays, dont le Soudan du Sud, montrant que près de 10 % des membres du personnel humanitaire ont été victimes d'une agression sexuelle, ont été témoin ou victime d'un viol ou d'une tentative de viol par un collègue.
Réagissant aux accusations d'Helen Evans, Oxfam a déclaré que son travail avait conduit l'ONG à prendre des mesures concrètes visant à améliorer sa gestion des problèmes de "protection".
"Nous regrettons de ne pas avoir réagi plus vite et plus efficacement aux inquiétudes d'Helen", a dit l'ONG dans un communiqué, précisant avoir doublé ses effectifs dans les équipes de protection, passant de deux à quatre.
Le Times a révélé vendredi que des humanitaires avaient eu recours à des prostituées alors qu'ils étaient en mission à Haïti après le tremblement de terre de 2010. Oxfam a déclaré avoir lancé une enquête en interne dès la découverte des faits en 2011 et que quatre personnes avaient été licenciées et que trois avaient démissionné.
La directrice adjointe de l'ONG, Penny Lawrence, a démissionné lundi, admettant n'avoir pas réagi comme il l'aurait fallu après les inquiétudes soulevées par le comportement du personnel humanitaire au Tchad et en Haïti.
Une "violation extrêmement grave de la dignité humaine"
Le président haïtien Jovenel Moïse a réagi au scandale ayant eu lieu dans son pays. Il a dénoncé une "violation extrêmement grave de la dignité humaine".
"Ce qui s'est passé avec Oxfam en Haïti est une violation extrêmement grave de la dignité humaine", a tweeté Jovenel Moïse tard lundi.
Ce qui s'est passé avec Oxfam en Haïti est une violation extrêmement grave de la dignité humaine.
Président Jovenel Moïse (@moisejovenel) 13 février 2018"Il n'y a rien de plus indigne et malhonnête qu'un prédateur sexuel qui utilise sa position dans le cadre de la réponse humanitaire à une catastrophe naturelle pour exploiter les personnes nécessiteuses dans leurs moments de grande vulnérabilité", a ajouté le président haïtien
Les représentants de l'ONG en Haïti sont convoqués jeudi par le ministère de la Planification et de la Coopération externe afin de fournir des explications.
Avec AFP et Reuters