
Des baigneurs se tiennent près d'une statue de surfeur au bord de l'océan Atlantique à Lacanau, dans le sud-ouest de la France, le 11 juillet 2025, en marge du Lacanau Pro World Surf League (WSL) © Christophe Archambault, AFP
Depuis bientôt cinquante ans, le Lacanau Pro a survécu à tous les bouleversements de la filière surf pour devenir le dernier rassemblement d'envergure internationale en France métropolitaine. Une grande fierté autant qu'une inquiétude pour les acteurs impliqués.
En face de la plage de la station balnéaire, les séries s'enchaînent du 7 au 13 juillet sous les regards de juges affiliés à la World Surf League (WSL), entreprise américaine chargée de l'organisation de toutes les compétitions professionnelles du monde.
La plupart des meilleurs surfeurs européens s'affrontent pour collecter les précieux points de classement leur permettant d'accéder aux divisions supérieures de cette ligue privée, avec l'espoir d'intégrer un jour l'élite du Championship Tour (CT).
"Cette compétition est importante pour eux car elle arrive en début de saison. Certains ont mal commencé et viennent ici chercher des points cruciaux pour le reste de leur année", explique à l'AFP Laurent Rondi, directeur du Lacanau Pro depuis 2017.
"Et puis, il y a aussi un lien affectif pour beaucoup de surfeurs, surtout les Français. Depuis 1979, on est des survivants. La WSL s'est retirée de beaucoup de régions, mais on a tenu bon. C'est un peu un monument historique", a-t-il ajouté.
Sur la plage, plusieurs centaines de curieux observent et écoutent le speaker de l'événement, qui révèle les notes obtenues par les surfeurs à chaque vague. Ensuite, ils vont flâner au village de compétition où se mêlent boutiques, concerts et activités.
Se réinventer
Sur la façade atlantique, et en particulier dans le Sud-Ouest, les compétitions de ce genre étaient nombreuses en France des années 1990 à 2010, boostées par une discipline et une mode du surfwear en pleine croissance.
Mais la crise de 2008 est passée par là et, sans la manne financière liée au sponsoring, la WSL a serré la vis, puis inexorablement augmenté le prix qu'elle demande pour accueillir ses compétitions.
L'étape du CT qui se déroulait à Hossegor (Landes) n'a plus eu lieu depuis 2019. Celle d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques), un QS3000 - l'équivalent de la deuxième division -, a été annulée en 2025, faute de financement...
Autrefois étape de l'élite qui a vu passer des légendes comme Tom Curren et Kelly Slater, le Lacanau Pro est désormais un QS2000, le troisième échelon. Il perdure grâce à l'investissement des collectivités locales et de nombreux bénévoles passionnés.
"Nous avons dû repenser l'événement. Ce n'est plus juste une compétition : c'est aussi du skate, de la musique, de la fête, des rencontres", détaille Laurent Peyrondet, maire de Lacanau depuis 2014.
La commune de 6 000 habitants s'appuie beaucoup sur son statut de destination surf. On y trouve 23 écoles et 150 moniteurs diplômés. Environ 30 % des visiteurs s'y rendent pour pratiquer l'activité, selon les chiffres de l'Office de tourisme Médoc Atlantique.
"Le surf fait partie de notre histoire"
"Le surf fait partie de notre histoire. On est fier de cet événement, on n'abandonne pas ses enfants. Mais je ne me réjouis pas pour autant de voir qu'il s'agit du dernier bastion français des compétitions WSL", glisse l'élu centriste.
"Avec son littoral, la France devrait accueillir plus d'événements majeurs, mais comparé à des pays comme le Portugal, où les autorités nationales s'investissent pleinement, on se sent un peu seul", remarque-t-il.
Affichant de bons résultats au plus haut niveau - Kauli Vaast a été médaillé d'or aux JO-2024, Johanne Defay en bronze -, les surfeurs français tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs années sur la disparition progressive des compétitions en métropole.
"On a de la chance d'avoir encore le Lacanau Pro, c'est précieux", souligne le vétéran Maxime Huscenot, pensionnaire du CT en 2023 et double vainqueur de la compétition girondine (2015, 2024).
"Pouvoir affronter des surfeurs étrangers, cela permet de progresser, de voir d'autres approches, de s'habituer au haut niveau", ajoute le sportif de 33 ans.
"On a grandi en regardant tous les cadors débarquer en France et s'expliquer sur nos spots favoris. Pour les générations futures, c'est un peu inquiétant. Il y a un vrai manque à combler", estime-t-il.
Avec AFP