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Selon l'agence KCNA, le leader nord-coréen Kim Jong-il a ordonné la libération des deux journalistes américaines condamnées à 12 ans de travaux forcés, en marge de la visite surprise que l'ex-président Bill Clinton effectue à Pyongyang.

AFP - Après des mois de tension croissante, le leader nord-coréen Kim Jong-Il a fait un geste fort d'apaisement en direction des Etats-Unis en décidant mardi lors d'une visite-surprise de l'ex-président Bill Clinton de gracier deux journalistes américaines détenues en Corée du Nord, selon des analystes.

Pyongyang va gracier et libérer les deux journalistes après que l'ancien président américain Bill Clinton eut présenté des excuses au dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il pour leur comportement, selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

Cete décision témoigne de "la politique humanitaire et éprise de paix de la République populaire démocratique de Corée", a ajouté l'agence.



La visite du mari de l'actuelle secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, était liée au sort des deux journalistes Laura Ling et Euna Lee condamnées en juin à 12 ans de travaux forcés pour avoir franchi la frontière sans autorisation, selon l'entourage de Mme Clinton.

L'ancien président américain et le dirigeant nord-coréen ont eu un "échange exhaustif" lors d'un dîner donné "dans une atmosphère cordiale", selon KCNA, qui a fait état d'un "message verbal" du président Barack Obama transmis par Bill Clinton à Kim Jong-Il, une assertion immédiatement démentie par la Maison Blanche.

Selon des analystes, au-delà de cette mission de bons offices, la visite de M. Clinton - la seconde d'un ex-président américain après celle de Jimmy Carter en 1994 - revêt, au moins pour Pyongyang, une dimension politique.

L'agence KCNA a affirmé qu'au cours des rencontres de M. Clinton avec Kim et le numéro deux désigné Kim Yong-Nam, un "consensus avait été atteint sur la recherche d'un règlement négocié" des problèmes entre Washington et Pyongyang.

La venue de M. Clinton, en pleine impasse sur le dossier de la dénucléarisation du régime nord-coréen, après l'essai nucléaire de Pyongyang du 25 mai condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU et le tir de deux nouveaux missiles à courte portée le 4 juillet, pourrait contribuer à un réchauffement des relations.

La visite de M. Clinton "contribuera à approfondir la compréhension" entre la Corée du Nord et les Etats-Unis et "à construire la confiance bilatérale", a d'ailleurs déclaré l'agence officielle KCNA.

"Si cette visite n'apporte pas d'avancées majeures, cela contribuera à une possible reprise du dialogue sur la dénucléarisation" de la Corée du Nord, estimait Kim Yonh-hyun, spécialiste de la Corée du Nord à l'Université Dongguk de Séoul, avant l'annonce de la libération des journalistes.



"Il est également possible que la Corée du Nord et les Etats-Unis entament des discussions bilatérales parallèlement aux discussions à six pays" (deux Corées, Chine, Etats-Unis, Japon, Russie), a-t-il ajouté.

En réaction à l'essai nucléaire du 25 mai, le deuxième après celui d'octobre 2006, l'ONU a décidé d'alourdir son régime de sanctions contre le régime.

Pyongyang a aussitôt menacé de ne pas renoncer à ses ambitions atomiques et d'utiliser son plutonium à des fins militaires.

Le régime communiste s'était auparavant retiré des négociations multilatérales sur son programme d'armement nucléaire après une précédente condamnation en avril par l'ONU, pour un tir controversé d'une fusée balistique.

Pour Cheong Seong-chang, chercheur à l'Institut sud-coréen Sejong, la seule dynastie communiste au monde est en quête d'un nouveau moyen de renouer les discussions.

"Avec cette visite, Pyongyang va chercher à améliorer ses relations avec Washington ou à sortir de l'impasse née de son récent essai nucléaire et des sanctions de l'ONU", a-t-il estimé.

La visite de M. Clinton "ouvre la voie à des discussions bilatérales sur un ensemble de questions, notamment le programme nucléaire nord-coréen", a ajouté le chercheur. Pour lui, cependant, "la Corée du Nord ne reprendra pas les négociations à Six avant de considérables progrès dans les discussions bilatérales".

Le nouveau président américain Barack Obama n'a pas rejeté l'idée d'un dialogue direct avec Pyongyang, mais souhaite qu'en parallèle les discussions à Six, qui visent à persuader le régime nord-coréen d'abandonner ses ambitions atomiques, se poursuivent.

Par ailleurs, l'administration Obama a refusé de lier le sort des deux journalistes détenues au dossier nucléaire.

La Corée du Nord "n'est pas prête à négocier sa dénucléarisation", selon Paik Haksoon, de l'Institut Sejong, tandis que Denny Roy, chercheur au Centre d'études Est-Ouest d'Honolulu, juge que si les Etats-Unis "ne veulent pas la reconnaître comme puissance nucléaire, leur relation restera dans l'impasse".