
L'ONU le qualifie de "pire crise humanitaire au monde". Débuté en 2011 par un soulèvement populaire, le conflit au Yémen n'a cessé de s'envenimer. Dernier épisode en date le 30 janvier 2018, avec la prise d'Aden par les séparatistes.
Le départ de Saleh et l'arrivée de Hadi au pouvoir
Le 27 janvier 2011 marque début d'une contestation qui va mobiliser des dizaines de milliers de manifestants pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. D'importantes tribus se joignent au mouvement, suivies par des officiers de l'armée.
Le 23 novembre, Ali Abdallah Saleh signe à Ryad avec l'opposition parlementaire un accord de transition parrainé par les monarchies arabes du Golfe, en vertu duquel il doit remettre le pouvoir à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches.
Le 27 février 2012, il cède officiellement le pouvoir à Abd Rabbo Mansour Hadi, après 33 ans de règne.
La chute de Sanaa
Pendant l'été 2014, les Houthis, s'estimant marginalisés après l'insurrection, lancent une offensive depuis leur fief de Saada (nord). Issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), les Houthis contestent depuis une décennie le pouvoir central. Ils sont soutenus par l'Iran, qui dément toute implication militaire.
Le 21 septembre, les rebelles, alliés à de puissantes unités militaires restées fidèles à Ali Abdallah Saleh, entrent dans Sanaa et s'emparent du siège du gouvernement après plusieurs jours de combats. En octobre, les Houthis prennent le port de Hodeida (ouest) puis progressent vers le centre du pays.
Le 20 janvier 2015, ils s'emparent du palais présidentiel à Sanaa.
Le 21 février, le président Hadi fuit Sanaa pour Aden (sud), qu'il proclame capitale "provisoire".
En mars, les Houthis avancent vers le sud et s'emparent d'Aden. Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, justifie l'offensive par la lutte contre les extrémistes sunnites d'Al-Qaïda et du groupe État islamique (EI).
L'offensive saoudienne
Le 26 mars 2015, neuf pays dirigés par l'Arabie saoudite lancent l'opération aérienne "Tempête décisive" (puis "Restaurer l'espoir") pour contrer l'avancée des Houthis vers le sud. Le président Hadi se réfugie à Riyad.
Le 17 juillet, le gouvernement annonce la "libération" de la province d'Aden, premier succès des forces loyalistes appuyées par la coalition arabe sous commandement saoudien.
Jusqu'à mi-août, les forces loyalistes parachèvent la reprise de cinq provinces du sud, mais peinent à les sécuriser face à Al-Qaïda et l'EI.
En octobre, les forces loyalistes reprennent le contrôle du détroit de Bab al-Mandeb, par où transite une bonne partie du trafic maritime mondial.
En janvier 2017, les forces gouvernementales appuyées par l'aviation et la marine de la coalition déclenchent une opération dans l'ouest. Le but est de reprendre les zones longeant la mer Rouge.
La fin de l'alliance entre les Houthis et Saleh...
Le 23 août 2017, la direction des Houthis qualifie de "traître" l'ex-président Saleh pour les avoir présentés comme des "miliciens". Le 29 novembre, la crise entre Ali Abdallah Saleh et les Houthis dégénère à Sanaa, où de violents combats éclatent entre les deux alliés.
Le 2 décembre, Ali Abdallah Saleh propose à l'Arabie saoudite de "tourner la page", à condition qu'elle lève le blocus renforcé un mois plus tôt après un tir de missile par les Houthis au-dessus de Riyad.
Le 4 décembre, Ali Abdallah Saleh est tué par des rebelles houthis, qui renforcent leur emprise à Sanaa.
Fin avril 2017, l'ex-gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, est limogé par le président Hadi. Le 11 mai, Aidarous al-Zoubaidi annonce la mise en place d'un "Conseil de transition du Sud", une autorité parallèle dominée par des séparatistes.
Aden aux mains des séparatistes
Le 28 janvier 2018, des forces séparatistes s'emparent du siège transitoire du gouvernement à Aden après des affrontements meurtriers avec l'armée loyaliste. Le Premier ministre dénonce un "coup de force" séparatiste et demande à la coalition d'intervenir.
Le 29, la ville d'Aden est de nouveau le théâtre de violents combats entre forces séparatistes et militaires gouvernementaux, qui utilisent des chars et de l'artillerie lourde. Le lendemain, la ville passe sous le contrôle des séparatistes, plongeant encore un peu plus le pays dans le chaos.
Avec AFP