correspondante à Washington – Donald Trump s'est exprimé mardi soir face au Congrès réuni au grand complet, pour son premier discours sur l'état de l'Union. Sur un ton conciliant, il a vanté les bons résultats de l'économie et a plaidé pour une réforme migratoire.
Un ton conciliant, un style sobre et un contenu pragmatique : Donald Trump a donné son premier discours sur l’état de l’Union, dans la soirée du mardi 30 janvier, devant le Congrès réuni au grand complet et des millions de téléspectateurs. Le président américain a tout d'abord répété la "vision claire" qu’il entretient pour son pays : "Rendre à l’Amérique sa grandeur". Pour ce faire, il a appelé tous les Américains à "mettre de côté leurs différences" : "Ce soir, je veux vous parler (...) du type de pays que nous allons devenir. Nous tous, ensemble, comme une seule équipe, un seul peuple et une seule famille américaine."
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Un désir d’unité qui auquel le public n’a en tout cas pas répondu. Si le chef de l’État a été chaleureusement accueilli et applaudi tout au long de son discours par les élus républicains, il a en revanche laissé les élus démocrates de marbre. Parmi ces derniers, des dizaines de femmes étaient vêtues de noir, en hommage aux victimes de harcèlement sexuel. D'autres portaient un autocollant d'un papillon, symbole des migrations et de soutien aux sans-papiers. Des dizaines de "Dreamers", ces jeunes sans-papiers menacés d’expulsion, étaient d’ailleurs invités à faire partie du public. Une vingtaine d'élus démocrates noirs ont eux arboré des accessoires au motif africain, en soutien aux "pays de merde", expression qui aurait été employée par Donald Trump.
Dans le public, les regards étaient rivés sur la Première dame Melania Trump qui, contrairement à la tradition, n’est pas arrivée au Congrès avec son mari. Les rumeurs de tension au sein du couple sont alimentées par de récentes informations faisant état d’une liaison passée du milliardaire avec une star de l’industrie pornographique. Melania Trump est repartie comme elle est arrivée : seule, sans dire un mot à la presse.
The first lady, who was given a warm reception when she entered, just left the Capitol—alone, again.
She made no comment to the press. pic.twitter.com/pHL1nqAudY
L'économie d'abord
Globalement, peu d'annonces ressortent de ce discours. Donald Trump a longuement vanté son bilan économique, notamment en matière d’emploi et de performances boursières. Il a également fait l’éloge de sa réforme fiscale, qui bénéficie selon lui tant aux particuliers qu’aux entreprises. "Pendant des années, les entreprises et les emplois nous quittaient. Aujourd'hui, ils reviennent", a-t-il martelé.
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"Depuis que nous avons voté les baisses d'impôts, quelque trois millions de travailleurs ont déjà reçu des bonus liés à ces dernières, des milliers de dollars pour nombre d'entre eux", a-t-il lancé. Il s’est également félicité d’avoir éliminé "plus de régulations que toutes les administrations de l’histoire du pays", citant la suppression de règlements en matière énergétique.
Le président américain a également annoncé un investissement de 1 500 milliards de dollars pour reconstruire les infrastructures. "Nous allons construire de nouvelles routes étincelantes, des ponts, des autoroutes, des voies ferrées et des voies navigables travers le pays", a-t-il promis.
L'immigration ensuite
L’immigration a constitué un point majeur du discours du chef de l’État : "Pendant des décennies, les frontières ouvertes ont permis à la drogue et aux gangs de déferler sur nos communautés les plus vulnérables. Elles ont permis à des millions de travailleurs mal payés d'entrer en concurrence pour les emplois et les salaires avec les Américains les plus pauvres. Encore plus tragiquement, elles ont coûté la perte de nombreuses vies innocentes." Pour appuyer ses arguments, le président avait invité dans le public une famille dont les deux filles adolescentes ont été tuées par six membres du tristement célèbre gang salvadorien MS-13. "J’appelle le Congrès a enfin supprimer les failles mortelles qui ont permis au MS-13, et à d'autres gangs criminels, d'entrer dans notre pays", a-t-il lancé.
"Ce soir, je tends la main aux élus des deux partis, démocrates comme républicains, pour protéger nos citoyens, quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau ou leur religion", a continué le président, proposant une réforme de l’immigration reposant sur quatre piliers. Tout d’abord un accès à la citoyenneté pour 1,8 million de "Dreamers", sous condition de bonne conduite après 12 ans sur le sol américain. Ensuite, la "sécurisation de la frontière" avec le Mexique en construisant "un grand mur". Pour cela, il réclame une enveloppe de 25 milliards de dollars au Congrès. Le troisième pilier serait la fin de la loterie des "green cards", remplacée par un système fondé sur le mérite. Enfin, il souhaite que les sponsors pour les cartes vertes ne soient plus possibles pour les membres d'une même famille au-delà des époux et des enfants.
Le combat contre l'EI continue
En matière de politique étrangère, Donald Trump a rappelé que la guerre contre le groupe État islamique (EI) n’était pas finie. "Je suis fier de pouvoir dire que la coalition visant à vaincre l'EI a libéré quasiment 100 % du territoire occupé par ces tueurs en Irak et en Syrie. Mais il reste beaucoup à faire. Nous allons poursuivre notre combat jusqu'à ce que l'EI soit défait", a-t-il affirmé, annonçant par ailleurs avoir signé l'ordre de maintenir ouvert le camp de Guantanamo.
Il a aussi évoqué les rivaux, comme la Chine et la Russie, qui "défient nos intérêts, notre économie et nos valeurs". La crise nord-coréenne était évidemment au menu, avec une mise en garde contre "la complaisance et les concessions" à l'égard de Pyongyang et de ses ambitions nucléaires. Le chef de l'État a d'ailleurs appelé le Congrès à l'aider à moderniser l'arsenal nucléaire américain.
Il a enfin abordé la question iranienne, assurant que les États-Unis se tenaient "aux côtés du peuple iranien dans sa lutte courageuse pour la liberté". "Lorsque le peuple iranien s'est soulevé contre les crimes de leur dictature corrompue, je ne suis pas resté silencieux", a fait valoir Donald Trump, faisant allusion aux récentes manifestations en Iran. Le président a toutefois de nouveau demandé "au Congrès de résoudre les problèmes fondamentaux du désastreux accord sur le nucléaire iranien".
Un Kennedy à la riposte
C'est Joseph Kennedy III, petit-neveu de l'ancien président John F. Kennedy et élu du Massachusetts à la Chambre des représentants, qui lui a apporté la contradiction au nom du Parti démocrate. Le jeune politicien de 37 ans n'a pas manqué d'évoquer, parmi ses premiers mots, l'affaire russe, que le président américain s'est bien gardé de commenter lors de son discours.
Visiblement ému, le descendant de la lignée Kennedy a dénoncé une administration "qui ne s'attaque pas seulement aux lois qui nous protègent, mais aussi à l'idée même que nous sommes tous dignes de protection".
Kennedy offers 'a better deal' in rebutting State of the Unionhttps://t.co/rQIn9iHm9R pic.twitter.com/KBBZUGHxmP
POLITICO (@politico) 31 janvier 2018