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Macron à Tunis : une visite pour renforcer les partenariats économiques

Deux semaines après un important mouvement de contestation sociale en Tunisie, le président français se rend dans le pays pour une visite d'État de deux jours. Il compte mettre l'accent sur le développement économique du pays.

Voici une visite qui arrive à point nommé pour le président tunisien Béji Caïd Essebsi. Prévue depuis plusieurs semaines déjà, la visite d’État d’Emmanuel Macron en Tunisie, mercredi 31 janvier et jeudi 1er février, ne pouvait en effet avoir lieu à un meilleur moment pour le pouvoir local, qui a dû faire face ces derniers temps à d’importants troubles sociaux.

Dans ce "contexte particulier", Emmanuel Macron, lors d’un grand discours devant les députés de l’Assemblée du peuple à Tunis, programmé jeudi matin, exprimera "un message fort" de "soutien à la transition démocratique" de la Tunisie, seul pays rescapé du Printemps arabe de 2011, indique l'Élysée.

Mais au-delà de ces belles paroles qui viseront à gonfler la fierté des Tunisiens, ce sont bien les questions économiques et sociales qui domineront ce voyage du chef de l’État français. Emmanuel Macron participera notamment à la première édition du forum économique franco-tunisien, qui réunira une centaine de dirigeants d’entreprises françaises, dont Xavier Niel (Iliad) et Stéphane Richard (Orange). Il y encouragera en particulier les entreprises françaises à investir davantage en Tunisie. "Des annonces seront faites sur l’aide au développement, le numérique et le soutien aux PME-PMI", assure l’Élysée, qui évoque également une reconversion d’une partie de la dette tunisienne vis-à-vis de la France en investissements.

"La population n'a plus confiance dans ce genre d'initiatives"

Reste à voir si ces annonces auront un impact sur le quotidien des Tunisiens, de plus en plus lassés par ces visites d’État. "Cela fait des années qu’on parle de l’appui français à l’économie tunisienne, mais on n’en voit pas vraiment les fruits", regrette Alaa Talbi, directeur du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, contacté par France 24. "Il y a déjà eu par le passé des forums économiques avec des chiffres énormes annoncés, mais concrètement, on ne voit pas de changement, ajoute-t-il. La population n’a plus confiance dans ce genre d’initiatives. On est habitué à ces visites et à ces discours qui ne débouchent sur rien."

La jeunesse tunisienne, elle, moque volontiers le folklore entourant cette visite d’État, comme la présence de très nombreux drapeaux tricolores dans les rues de Tunis. En pointe lors des manifestations du mois de janvier, les activistes de la campagne Fech Nestanew n’attendent rien de particulier de la venue d’Emmanuel Macron. Ces derniers considèrent que c’est au gouvernement tunisien de régler leurs problèmes.

Malgré le retour de la croissance (2 % en 2017), grâce notamment à une reprise du tourisme, le chômage en Tunisie reste supérieur à 15 % et dépasse les 30 % chez les jeunes diplômés. Or Paris a bien conscience que cette question nourrit le ressentiment de la population et souligne que "l'employabilité des jeunes est un immense défi à relever".

"Le numérique, l'un des points forts de la Tunisie"

"Un grand projet structurant dans le domaine de la coopération universitaire" sera ainsi annoncé, souligne l’Élysée. Son objectif sera de développer la formation professionnelle supérieure et les filières courtes "adaptées aux enjeux économiques et d’employabilité", en particulier dans le secteur des nouvelles technologies.

Contrairement aux manifestants du mois de janvier, le monde économique tunisien, lui, ne cache pas son optimisme. "Cette visite est très importante, notamment en raison de l’intérêt que montre le président Macron pour le numérique qui est un des points forts de la Tunisie", juge Aziz Mebarek, cofondateur d’AfricInvest, qui sera présent, jeudi, au forum économique.

"Dans une économie qui se transforme de manière rapide, il faut donner la possibilité aux jeunes Tunisiens qui ont des compétences de se former pour être en phase avec le marché du travail, estime-t-il. Ainsi la Tunisie pourrait devenir une plateforme formidable pour des entreprises digitales françaises qui souhaiteraient avoir un pied dans les deux pays. C’est cette idée de partenariat gagnant-gagnant que l’on attend."