Plus de 200 proches de Vladimir Poutine ont été désignés par Washington comme susceptibles de faire l'objet de sanctions "dans un futur proche", en représailles de l'ingérence supposée de Moscou dans l'élection présidentielle américaine.
Le département américain du Trésor a publié, dans la nuit de lundi 29 à mardi 30 janvier, une liste d'officiels et d'hommes d'affaires russes, considérés comme proches de Vladimir Poutine et susceptibles d'être sanctionnés pour punir Moscou de son ingérence supposée dans la dernière présidentielle américaine.
Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a ajouté lors d’une audition devant le Sénat, mardi, que Washington prendrait "dans quelques mois, peut-être dans un mois" des "sanctions supplémentaires" contre la Russie, sans préciser qui, des personnalités figurant sur la liste, en ferait l’objet.
"The Kremlin List" in its entirety. Please note that their inclusion on this list is not tantamount to being sanctioned or facing any legal/financial repercussions.#Russia pic.twitter.com/lw9JmDDviC
Julia Davis (@JuliaDavisNews) 30 janvier 2018La "liste du Kremlin", très attendue, compte 114 officiels et 96 hommes d'affaires, dont le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le Premier ministre Dmitri Medvedev et de hauts responsables des services de renseignement russes. Y figurent également des dirigeants de grandes entreprises publiques, comme le géant de l'énergie Rosneft et la Sberbank.
"Vexant"
Cette liste a laissé les élites russes perplexes, partagées entre ironie et colère face à ce nouvel épisode des accrocs quasi-quotidiens entre Moscou et Washington.
Ce texte constitue "un acte inamical, il complique les relations russo-américaines, déjà dans un état difficile, et nuit à l'ensemble des relations internationales", a constaté Vladimir Poutine, lors d'une réunion à son QG de campagne pour l'élection présidentielle de mars.
Il s'est voulu ironique sur le caractère très large de cette liste, dont il apparaît au final comme le grand absent: "C'est vexant", a-t-il dit.
"Pas beaucoup de travail"
La liste comprend toutes les personnalités classées milliardaires en dollars par le magazine Forbes, sans distinction de proximité réelle avec le pouvoir ou de fonction officielle. L'ancien ambassadeur américain à Moscou Michael McFaul, en poste sous Barack Obama, s'est étonné sur Twitter d'un document qui comporte aussi bien des hommes d'affaires "très proches de Poutine" que d'autres sans liens réels avec le pouvoir. "Visiblement, il n'y a pas eu beaucoup de travail réalisé pour distinguer ces deux catégories."
I know personally many of the business people on this list. Some are very close to Putin. Some are not. Obviously, little work was done to distinguish between these 2 categories. https://t.co/KEPL0dpDV8
Michael McFaul (@McFaul) 30 janvier 2018Vladimir Poutine a assuré ne pas vouloir "aggraver la situation". "Nous étions prêts à prendre des mesures de représailles, assez sérieuses, qui auraient réduit nos relations à zéro. Mais nous allons pour l'instant nous retenir de prendre ces mesures", a-t-il dit.
Malgré les promesses de Donald Trump de réconcilier l'Amérique avec la Russie, les relations entre les deux pays n'ont cessé de se dégrader depuis son entrée en fonction il y a un an et se trouvent à leur plus bas niveau depuis la Guerre froide, aggravées par les accusations d'ingérence russe dans la présidentielle américaine, démenties par le Kremlin.
Avec AFP