
En 48 heures, la deuxième ville du pays a basculé dans le camp des séparatistes, qui ont encerclé le palais présidentiel. Le gouvernement y avait trouvé refuge depuis la prise de contrôle de Sanaa par les rebelles houthis en 2014.
Les forces séparatistes ont assiégé, mardi 30 janvier, le palais présidentiel d'Aden, dans lequel se trouve le Premier ministre, Ahmed ben Dagher, et des membres du gouvernement résidaient ces derniers jours au palais. Le président, Abd Rabbo Mansour Hadi, est quant à lui réfugié en Arabie saoudite.
Les combattants séparatistes se sont emparés de presque toutes les positions stratégiques de la ville, à l'exception du palais (sud) et du quartier de Dar Saad (nord).
Les combats ont été meurtriers, mais aucun bilan n'était pour l'heure disponible, selon des sources militaires. Dimanche et lundi, ils avaient fait au moins 36 morts et 185 blessés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
De nombreux civils sont restés terrés chez eux, redoutant d'être pris sous des tirs croisés de chars de combat et de pièces d'artillerie lourde. Plusieurs organisations humanitaires ont suspendu leurs opérations.
Une nouvelle dimension au conflit
La crise qui a éclaté le 28 janvier entre les séparatistes et le gouvernement du président Hadi, soutenu par l'Arabie saoudite, a donné une nouvelle dimension au conflit qui voit s’affronter depuis trois ans le gouvernement et les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.
Les séparatistes étaient précédemment alliés au gouvernement, mais la relation s'est tendue après le limogeage en 2017 du gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un Conseil de transition du sud (STC), une autorité parallèle dominée par des séparatistes. Le STC avait fixé un ultimatum au gouvernement, exigeant que le Premier ministre, accusé de corruption, soit limogé avant le 28 janvier. À l’expiration de cet ultimatum, les combats ont aussitôt éclaté dans Aden.
"On s'aperçoit que cette tendance indépendantiste prend de l'importance et avec le soutien manifeste des Émirats arabes unis, on arrive à une situation où les sudistes vont essayer de forcer le destin et essayer de retrouver leur indépendance", a analysé François Frison-Roche, directeur de recherche au CNRS, à l’antenne de France 24.
Le Yémen du Sud était un État indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990 et les séparatistes y sont restés puissants. Dans certains quartiers, ils semblent en bien meilleure position que les unités gouvernementales, selon des habitants.
Avec AFP