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Les cinq principales zones de combats en Syrie

Avec l’opération turque "Rameau d’olivier", le nord de la Syrie est de nouveau le théâtre de combats. Des zones sont en ce début d'année 2018 sujettes à des batailles particulièrement violentes : état des lieux des principaux points de conflit.

En attaquant l’enclave d’Afrin, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan a rouvert un front sur le territoire syrien. Ankara cible ainsi les Unités de protection du peuple kurde (YPG), qui ont contribué à chasser les jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI) du nord du pays. La Russie vient de les inviter au Congrès de paix prévu à Sotchi, selon la déclaration, le 22 janvier, du ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov.

Bien que le conflit syrien soit en perte de vitesse, après notamment le fort recul de l’EI, l’opération turque "Rameau d’olivier" rappelle que le pays est encore le théâtre de bouleversements majeurs.

Quelles sont les autres zones de combats et qui sont les acteurs qui portent encore les armes, sept ans après le début de ce conflit qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés ?

  • L’enclave d’Afrin

L’enclave d’Afrin est principalement contrôlée par la milice kurde des YPG. Elle est séparée de la vaste zone sous contrôle kurde dans le nord-est de la Syrie par une région aux mains de groupes rebelles soutenus par l’armée turque.

Ces YPG sont honnies par le pouvoir turc, qui considère que leur émanation politique, le Parti de l'union démocratique (PYD), est une branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avec qui Ankara est en conflit depuis plusieurs décennies. C’est la raison pour laquelle la Turquie n’accepte pas la présence d’une poche de combattants kurdes à sa frontière.

Engagés depuis le 19 janvier, les combats dans la région d'Afrin opposent ces milices kurdes aux troupes turques accompagnées de rebelles syriens, dont plusieurs factions ont déjà par le passé connu des tensions avec les YPG, allant des menaces aux affrontements.

L’ombre russe est également présente : Moscou contrôle l’espace aérien dans le nord de la Syrie et les observateurs s’accordent à dire que les raids aériens d’Ankara ne pourraient avoir lieu sans le consentement de la Russie. La Turquie a d’ailleurs affirmé que son opération était menée "en accord" avec la Russie, bien que cette dernière n’ait pas confirmé, appelant l’armée turque à la "retenue".

Les États-Unis, qui envisagent de maintenir une force composée pour moitié de Kurdes à la frontière turco-syrienne, ont aussi appelé Ankara à la "retenue", même si le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, a estimé que les préoccupations sécuritaires turques étaient "légitimes". La France a, quant à elle, évoqué la situation syrienne dans son ensemble et s’est dite préoccupée par les "développements en cours à Afrin, à Idleb et dans la Ghouta orientale, près de Damas", selon un communiqué du Quai d’Orsay. À la demande de Paris, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU doit se tenir le 22 janvier à huis clos.

  • La Ghouta orientale

La Ghouta orientale, à l'est de Damas, est tenue par les rebelles depuis le début du conflit syrien. C’est de là qu’était parti l’assaut vers Damas, en juillet 2012. La zone est assiégée par le régime depuis 2013. Les bombardements, réguliers depuis lors, connaissent une recrudescence depuis la fin du mois de décembre 2017. "Depuis plus d'un mois, le régime concentre ses troupes pour attaquer la Ghouta", a assuré à l’AFP Mohamed Allouche, un responsable de la milice salafiste Jaich al-Islam.

Début janvier 2018, la base de Harasta, contrôlée par le régime à la périphérie de la Ghouta, a été encerclée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (anciennement Front al-Nosra) et des groupes rebelles, prenant au piège plus de 250 militaires de l’armée syrienne. Le régime a lancé une offensive, le 4 janvier, pour briser ce siège.

Parmi les acteurs de ces violents combats récurrents dans la Ghouta, on trouve, outre l’armée du régime et le groupe Hayat Tahrir al-Cham, les milices salafistes Ahrar al-Cham et Jaich al-Islam. Toujours incontournable, la Russie est aussi impliquée. Elle est notamment à l’origine d’une partie des bombardements dans la région, en appui de l’armée syrienne.

  • Damas

Aux portes de Damas, à moins de 7 km du palais présidentiel de Bachar al-Assad, se déroulent encore aujourd’hui des combats opposant le régime à l’EI dans l’une des rares poches de territoire qu’il contrôle encore, ainsi qu’à des factions rebelles.

Neuf civils ont ainsi été tués le 22 janvier par des obus tirés par des rebelles en direction de la vieille ville de Damas, selon la télévision d'État syrienne qui cite une source au sein de la police.

  • Province d’Idleb

"L’armée syrienne, accompagnée de milices supplétives, a beaucoup avancé depuis une centaine de jours dans la province d’Idleb", explique Wassim Nasr, journaliste de France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes. Les forces loyalistes se sont ainsi emparées le 20 janvier de la base aérienne stratégique Abou al-Douhour, située dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

L'armée syrienne, appuyée par l'aviation russe, est ici accompagnée de milices chiites pro-iraniennes et affronte trois groupes distincts : l’alliance Hayat Tahrir al-Cham, également présente dans la Ghouta ; le groupe Jaich al-Baria (une nouvelle formation d’Al-Qaida) ; et les combattants ouïghours du Parti islamique du Turkestan.

Outre les groupes jihadistes, des groupes rebelles qualifiés de modérés maintiennent également une présence dans la province d'Idleb, et malgré leurs différends, les deux camps se sont alliés pour lutter contre le régime.

  • Front est

Au sud-est de Deir Ezzor, tout près de la frontière irakienne, l’EI contrôle encore trois poches de territoire, mais il est cerné au nord par les forces kurdes et au sud-ouest par le régime. Le régime y mène des combats et des bombardements, et des affrontements y ont opposé l’EI aux Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupe de milices formé en 2015, composé en majorité des YPG kurdes.