Alors que Washington a appelé Ankara à "faire preuve de retenue", l'intervention armée turque se poursuit dans le nord de la Syrie contrôlé par les Unités de protection du peuple (YPG), milice kurde qui a combattu le groupe État islamique.
Des chars et de l'infanterie turcs ont pénétré, dimanche 21 janvier, dans le nord de la Syrie pour en déloger une milice kurde, tandis que des roquettes se sont abattues sur des villes turques frontalières et que Washington appelait Ankara à la retenue.
Cité par les médias turcs, le Premier ministre, Binali Yildirim, a indiqué que des militaires turcs étaient entrés à 11 h 05 (8 h 05 GMT) dans la région d'Afrin, contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG), et pilonnée par l'aviation et l'artillerie d'Ankara.
L'offensive turque risque de tendre davantage les rapports entre Ankara et Washington, qui a appelé dimanche la Turquie à "faire preuve de retenue". Les États-Unis soutiennent en effet une coalition arabo-kurde, dont font partie les YPG, pour combattre l’organisation État islamique (EI) dans la région.
Le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, a affirmé dimanche qu'Ankara avait prévenu Washington avant de lancer son offensive et estimé que les préoccupations sécuritaires de la Turquie étaient "légitimes".
Exhortant Ankara à mettre fin à son offensive, la France a demandé et obtenu une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU prévue lundi, à huis clos.
Au deuxième jour de cette offensive, baptisée "Rameau d'olivier", l'armée turque, appuyée par 32 chasseurs-bombardiers, a affirmé avoir détruit "45 cibles", dont des abris et des caches d'armes.
De nombreux civils tués selon l’OSDH
Selon Binali Yildirim, l'opération a pour but de créer une "zone de sécurité" d'une profondeur de 30 km à partir de la frontière. Les médias officiels turcs ont indiqué dimanche que les forces d'Ankara avaient pénétré de cinq kilomètres en Syrie.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 18 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans les bombardements turcs depuis samedi. Ankara affirme n'avoir touché que des "terroristes" et accuse les YPG de "propagande". Dimanche, l'OSDH a fait état de la mort d'au moins 11 civils, dont cinq enfants dans des frappes de l'aviation turque.
De son côté, Ankara a accusé les YPG d'être à l'origine de tirs de roquettes contre deux villes frontalières turques. Six roquettes ont frappé dimanche la ville de Reyhanli, faisant un mort – un réfugié syrien – et 32 blessés, selon son maire. Plusieurs roquettes sont tombées également à Kilis, sans faire de victimes.
À la faveur du conflit syrien qui a fait plus de 320 000 morts depuis 2011, les Kurdes syriens, longtemps marginalisés, ont installé en 2012 une administration autonome à Afrine, un territoire isolé des autres zones contrôlées par les YPG plus à l'est.
L'offensive turque survient dans la foulée de l'annonce par la coalition internationale anti-jihadistes emmenée par Washington, de la création d'une "force frontalière" composée notamment de guerriers kurdes, un projet qui a suscité la colère d'Ankara.
Avec AFP