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L'armée turque affirme dimanche être entrée dans l'enclave kurde d'Afrin, dans le nord de la Syrie, en multipliant les frappes contre la milice kurde YPG, mais ces derniers disent avoir "repoussé une incursion".

Au deuxième jour de l'opération turque Rameau d'olivier, l'offensive terrestre a commencé, a fait savoir l'armée turque dans un communiqué publié dimanche 21 janvier. Des militaires turcs sont entrés à 8 h 05 (GMT) dans la région d'Afrin, contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG), a déclaré le Premier ministre Binali Yildirim, cité par l'agence de presse Dogan. Cette milice kurde est considérée comme "terroriste" par Ankara, mais soutenue par Washington,

Les YPG, de leur côté, ont affirmé avoir repoussé une incursion : "La Turquie voulait entrer à Afrin, mais nous avons repoussé leur attaque", a affirmé l'un de leur porte-parole, Birusk Hasakeh.

Les soldats turcs progressent dans l'enclave appuyés de combattants syriens formés par Ankara, selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, et affirment multiplier les frappes aériennes et les bombardements d'artillerie contre les positions des YPG et de l'organisation de l'État islamique (EI). Mais les djihadistes n'ont pas de positions importantes connues dans cette zone.

Un peu plus tôt, quatre roquettes, tirées depuis le nord de la Syrie, se sont abattues sur la ville frontalière turque de Kilis, indique l'agence Dogan.

Établir une "zone de sécurité" à la frontière

L'objectif de cette opération turque consiste à établir une "zone de sécurité" d'une profondeur de 30 km à partir de la frontière, affirme Binali Yildrim. La Turquie accuse les YPG d'être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

Mais les YPG sont aussi l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par les États-Unis pour combattre l'EI dans le nord de la Syrie.

Il s'agit de la deuxième offensive turque dans le nord de la Syrie, après celle lancée en août 2016 pour repousser l'EI vers le Sud, mais aussi enrayer l'expansion territoriale des milices kurdes.

Syrie : l'armée turque affirme être entrée dans Afrin

Erdogan espère terminer l'opération "en très peu de temps"

Dans un discours prononcé dimanche à Bursa, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit espérer que cette opération en Syrie serait terminée "en très peu de temps". Il a également menacé ceux qui manifesteraient publiquement à l'appel de milieux prokurdes contre l'offensive menée par Ankara. "Je vous le dis   : attention   ! Si certains suivent ces appels (à manifester) et commettent l'erreur de sortir dans la rue, ils paieront un prix très élevé", a-t-il averti.

De son côté, le président syrien Bachar al-Assad a condamné dimanche l'opération turque la qualifiant "d'agression" et de "soutien au terrorisme" alors que la Syrie avait déjà affirmé jeudi qu'elle abattrait tout appareil militaire turc s'aventurant dans son espace aérien

"L'agression turque brutale sur la ville syrienne d'Afrine est indissociable de la politique du régime turc depuis le premier jour de la crise syrienne, une politique essentiellement fondée sur le soutien au terrorisme et aux organisations terroristes, quelles qu'elles soient", a déclaré Bachar al-Assad, dans un communiqué diffusé par l'agence de presse officielle Sana.

La France demande une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU

L'Iran, allié de Damas, a également réclamé dimanche l'arrêt immédiat de l'intervention militaire turque, rapporte l'agence de presse d'Etat Irna. "L'Iran espère que cette opération va cesser immédiatement afin d'empêcher une aggravation de la crise dans les régions frontalières de Turquie et de Syrie", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qasemi.

La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a appelé la Turquie à "agir avec retenue" et demandé dimanche une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies sur les opérations en Syrie. Un peu plus tard dans la journée, il a confirmé sur Twitter que cette réunion se tiendrait lundi 22 janvier.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies tiendra demain des consultations sur la situation en #Syrie. La France soulignera notamment l’urgence d’assurer l’accès humanitaire.

  Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) 21 janvier 2018

La ministre française des Armées, Florence Parly, a appelé dimanche la Turquie à cesser ses opérations contre les Kurdes syriens, estimant que cela ne pouvait que nuire à la lutte contre l'EI. "Ce combat-là (offensive turque contre une milice kurde, NDLR) pourrait détourner les forces combattantes kurdes, qui sont au côté et très engagées au sein de la coalition à laquelle la France appartient, du combat primoridial (contre le terrorisme)", a-t-elle souligné sur France 3.

Avec AFP et Reuters