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Dans l'épidémie de la peste noire, les rats ont peut-être moins propagé la maladie que les hommes

En Europe, la peste noire a fait pas moins de 50 millions de morts, au XVe siècle. Dans cette épidémie, les rats ont toujours eu bon dos. On les a longtemps accusés d'être responsables de la propagation de la maladie.

Et si les rats n'étaient pas ceux par qui la peste s'était massivement déployée au XVe siècle, en Europe ? Une récente étude vient de minimiser le véritable rôle de ces animaux sur la propagation de cette maladie qui a eu raison de dizaines de millions de personnes.

En effet, selon les chercheurs, la peste suivait bien plus les hommes que les rats. Il apparaît que c'est grâce aux grandes routes commerciales que la peste a pu s'installer aussi rapidement sur le continent, entre 1346 et 1760.

Les coupables étaient tout trouvés

À l'époque, le mystère était entier : quel était donc ce mal capable de supprimer des familles entières, jour après jour ? Lorsqu'à la fin du XIXe siècle l'on découvre que le bacille responsable de l'épidémie se situait sur les rats, les coupables étaient tout trouvés. Mais plus tard, dans les années 30, on s'est finalement aperçu que les puces de l'homme jouaient elles aussi un rôle. Problème : difficile d'observer celles-ci en laboratoire, ce qui explique la rareté des études sur le sujet.

Trois scénarios

Or, en utilisant les observations de l'épidémie consignées à l'époque semaine par semaine, les scientifiques de l’université de Hong Kong et ceux de l’école vétérinaire de Virginia-Tech aux États-Unis, ont modélisé trois scénarios. Dans le premier, les poux et les puces sont responsables de la propagation de la peste. Dans le deuxième, ce sont les rongeurs et leurs parasites qui répandent la peste. Dans le troisième cas, c'est à cause des hommes qui toussent que la maladie connue pour noircir les ganglions lymphatiques s'est installée dans la population. Grâce aux documents historiques dans lesquels les signes d'infections étaient consciencieusement documentés, les chercheurs ont voulu dissocier chaque type de décès – bien que cette technique ne soit pas approuvée par l'ensemble de la communauté scientifique.

"Une théorie plausible"

En suivant ces comparaisons, il apparaît que le modèle des rongeurs ne correspond pas aux taux de mortalité les plus importants. Les chercheurs en ont conclu que les rats étaient certes responsables des premiers cas de peste dénombrés, mais que c'étaient ensuite les hommes qui propageaient le plus la maladie.

"Une théorie plausible", selon Nükhet Varlık, professeure d'histoire à l'université Rutgers du New Jersey. Mais pour cette spécialiste de la peste dans l'Empire ottoman, il est important que l'étude ne se limite pas aux cas européens.

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