
Le 27 décembre 2007, la Première ministre pakistanaise Benazir Bhutto était abattue à l'âge de 54 ans. Dix ans plus tard, l'identité de ses assassins nourrit de nombreuses théories, après une enquête jugée expédiée et lacunaire par l'ONU.
Dix ans jour pour jour après l'assassinat de Benazir Bhutto, ancienne Première ministre pakistanaise et première femme à gouverner un pays musulman, des milliers de personnes se sont recueillies mercredi 27 décembre autour de son tombeau . Abattue de plusieurs balles dans le cou, son assaillant avait ensuite déclenché une charge explosive, fauchant 24 personnes.

À ce jour, les coupables restent impunis. Seuls deux policiers ont été condamnés dans cette affaire, reconnus coupables, en août dernier, de "mauvaise gestion de la scène du crime". Mais l'identité des commanditaires de l'assassinat nourrit de nombreuses spéculations.
L'État ou les islamistes
Benazir Bhutto, fervente critique des extrémistes islamistes, était notamment menacée par Al-Qaïda, les Taliban et d'autres groupes jihadistes locaux. Le régime du général Pervez Musharraf a accusé du meurtre le chef des Taliban pakistanais de l'époque, Baitullah Mehsud. Ce dernier, qui avait démenti toute implication, a été tué par un drone américain en 2009.
Le général Musharraf a lui-même été inculpé en 2013 pour le meurtre de la Première ministre. Il a fui le Pakistan en 2016, et est en exil depuis. La justice le considère depuis août 2017 comme "fugitif" dans l'affaire.
Mercredi, pour le dixième anniversaire de la mort de Benazir Bhutto, son fils Bilawal a scandé "assassin, assassin, Musharraf assassin", devant son tombeau, slogan repris en chœur par la foule.
La commission d'enquête de l'ONU
À la demande du Parti du peuple pakistanais (PPP), la formation du clan Bhutto, l'ONU a mené une enquête et publié en 2010 un rapport de 70 pages. Ce dernier conclut que Pervez Musharraf n'avait pas fourni à sa rivale politique, pourtant menacée, la sécurité nécessaire pour éviter une telle attaque.
La police aurait également manqué à ses devoirs en faisant laver la scène du crime moins de deux heures après l'attentat et en ne pratiquant pas d'autopsie du corps de Benazir Bhutto. La police a indiqué n'avoir collecté que 23 preuves matérielles sur les lieux "dans un cas où l'on aurait pu s'attendre à en avoir des milliers", souligne le rapport.
L'ONU évoque autre chose que la simple incompétence, estimant que l'enquête a probablement été étouffée par les institutions militaires du pays. Mais l'Organisation n'a pointé du doigt aucun suspect, estimant que cela relevait de la responsabilité des tribunaux pakistanais.
Théories du complot
Le veuf de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari, a été élu président mais n'a jamais éclairci le mystère de sa mort. Le décès de Bilal Sheikh, l'assistant de ce dernier et par ailleurs responsable de la sécurité de Benazir Bhutto lors d'un premier attentat en octobre 2007, a alimenté des rumeurs concernant sa culpabilité.
Mais pour l'ancien président de la commission d'enquête de l'ONU Heraldo Munoz, il est ridicule de penser qu'Asif Ali Zardari soit impliqué dans le meurtre de son épouse.
D'autres théories mettent en cause le garde du corps de l'ancienne présidente, Khalid Shahensha, appuyées par des vidéos le montrant en train de faire des signes bizarres peu avant l'attentat. Le garde du corps a été mystérieusement abattu à Karachi quelques mois plus tard.
Avec AFP