En deux jours, l'Espagne a été touchée par deux attentats attribués à l'ETA. L'organisation basque armée, fondée il y a 50 ans, est tenue pour responsable de la mort de 828 personnes depuis son premier attentat meurtrier en 1968.
AFP - Deux gardes civils ont été tués jeudi dans un attentat aux Baléares semblant porter la signature de l'ETA, à la veille du 50e anniversaire de l'organisation, et au lendemain d'un attentat attribué au groupe indépendantiste basque qui a fait 64 blessés à Burgos (nord).
Carlos Saenz de Tejada Garcia, 28 ans, et Diego Salva Lesaun, 27 ans, ont été tués quasiment sur le coup par l'explosion d'une bombe ventouse placée sous leur véhicule officiel, a indiqué à la presse le préfet des Baléares.
Une deuxième bombe du même type placée sous un véhicule officiel a été neutralisée dans une autre caserne de l'île de Majorque, a indiqué la garde civile.
L'île très touristique de Majorque, où a eu lieu l'explosion à 14H00 (12H00 GMT), a été temporairement bouclée peu après l'attentat "pour éviter la fuite des terroristes", a annoncé la préfecture en milieu d'après-midi.
L'aéroport de Majorque, le troisième d'Espagne en nombre de passagers (22,8 millions en 2008), a rouvert à 17H55 (15H55 GMT) après environ deux heures de fermeture, selon l'autorité aéroportuaire Aena.
Les ports de l'île, par où transitent des milliers de touristes par ferries restaient en revanche fermés au trafic en début de soirée, selon l'autorité aéroportuaire des Baléares.
Les forces de sécurité ont mis en place dans toute l'île des contrôles renforcés, une opération baptisée "Jaula" ("cage" en français, ndlr), pour tenter d'interpeller les auteurs de l'attentat.
Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, devait se rendre dans la soirée à Majorque avec le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, qui devait superviser l'enquête sur place.
Le roi d'Espagne Juan Carlos Ier a condamné cet attentat au cours d'entretiens téléphoniques avec ces deux responsables, selon la Maison royale, tout comme la Commission européenne et la France.
Cet attentat a été commis à la veille du 50e anniversaire de la fondation de l'ETA par des étudiants nationalistes d'inspiration marxiste-léniniste sous la dictature de Francisco Franco.
L'attentat, qui aurait fait aussi des blessés, a eu lieu devant la caserne de la garde civile dans la station balnéaire de Palmanova où se trouvent de nombreux hôtels et locations touristiques.
Un large périmètre de sécurité de deux kilomètres a été mis en place autour du lieu de l'attentat, a constaté un photographe de l'AFP. Les touristes logés à proximité étaient tenus de rester dans leurs hôtels jusqu'à nouvel ordre.
L'attentat a eu lieu à une dizaine de kilomètres de Marivent, la résidence d'été de la famille royale espagnole. Mais ni le couple royal ni les princes des Asturies Felipe et Letizia ne se trouvaient sur l'île au moment de l'attentat, selon un porte-parole de la maison royale.
Cette explosion a eu lieu au lendemain d'un autre attentat à la voiture piégée, attribué par le gouvernement espagnol à l'organisation indépendantiste basque armée ETA, qui a fait 64 blessés légers et visé la caserne de la garde civile de Burgos (nord) mercredi.
L'ETA, tenue avant l'attentat des Baléares pour responsable de la mort de 826 personnes en 41 ans de lutte armée, avertit souvent par téléphone de l'imminence de ses attaques. Mais elle s'abstient en général de le faire quand elle s'en prend aux forces de sécurité qu'elle considère comme des objectifs militaires.
Affaiblie depuis la rupture de sa trêve de 2006-2007 par des coups de filet à répétition des polices espagnole et française, l'ETA avait indiqué fin mai mener une réflexion "pour décider d'une stratégie politico-armée efficace", sans paraître se préparer à renoncer à la violence.