logo

Hommage national à Jean d'Ormesson : Macron salue "un être de clarté"

La France a rendu un hommage national vendredi à l'écrivain Jean d'Ormesson décédé en début de semaine. Une cérémonie en son honneur a été présidée par le président de la République, Emmanuel Macron, aux Invalides à Paris.

"Jean d'Ormesson était un être de clarté", "un égoïste passionné des autres". Le président Emmanuel Macron a prononcé, vendredi 8 décembre, l’éloge funèbre en l’honneur de l’académicien Jean d’Ormesson décédé dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 décembre à l'âge de 92 ans.

"Il savait donner aux mélancoliques le goût de vivre et aux pessimistes celui de l'avenir", a poursuivi le chef de l'État dans son discours d'une quinzaine de minutes, durant lequel il s'est aussi directement adressé à l'écrivain : "Cette cérémonie veut manifester notre reconnaissance et nous rassure un peu, pour vous rester aussi fidèle en déposant un crayon sur votre cercueil, un simple crayon, le crayon des enchantements, celui de notre immense gratitude et celui du souvenir", le Président déposant alors un crayon sur le cercueil du défunt.

“Nous voici, cher Jean, face à vous, face à vos livres. Votre évidence, c’est votre œuvre, pas vos livres ou vos romans, mais bien votre œuvre. Ce que vous avez construit, se tient devant nous avec la force d’un édifice”, a continué le président, avant de se lancer dans une véritable déclaration d’amour à la littérature française : “Regarde, tous tes amis sont là, unis par ce qui est l'essence même de la France : l’amour de la littérature et l’amitié pour les écrivains. Cette masse d’émotion autour de nous et dans tout le pays n’a pas d’autre cause. La France rend hommage à [la littérature] la seule chose sérieuse si on raisonne à l'échelle des siècles”, a-t-il déclaré, reprenant l’écrivain Rinaldi.

Nicolas Sarkozy et François Hollande côtes-à-côtes

L’hommage national décrété par la France a débuté à 10h30 par une messe célébrée en la cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris. Avant de se poursuivre par une cérémonie, à midi, qui s’est tenue, comme le veut la tradition, dans la cour d’honneur de l'Hôtel des Invaldes, où a été déposé le cercueil de l’écrivain, recouvert d’un drapeau français. De part et d’autre ont été également entreprosées l’épée de l’académicien ainsi que l’insigne de Grand-Croix de la légion d’honneur, rang auquel l'avait élevé François Hollande en 2014.

La famille de Jean d’Ormesson, les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, ainsi que des membres du gouvernement, des personnalités politiques comme François Fillon, des députés et des académiciens ont fait le déplacement pour un hommage national rarement décrété en France. Le commandant Jacques-Yves Cousteau a reçu les mêmes honneurs en 1997, ainsi que l’emblématique femme politique et rescapée de la Shoah, Simone Veil, décédée en juillet dernier. Des hommages nationaux sont aussi rendus aux soldats français morts au combat et récemment aux victimes des attentats de 2015 en France.

Hommage national à Jean d'Ormesson : Macron salue "un être de clarté"

L’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing a, pour sa part, seulement assisté à la messe de début de matinée. Nicolas Sarkozy a dit pleurer "un ami".

Comme en octobre 1963, lorsque la mort de la chanteuse Édith Piaf avait éclipsé celle de l’académicien Jean Cocteau quelques heures plus tard, celle de Jean d'Ormesson a rapidement été reléguée au second plan après l’annonce de la mort de "l'idole des jeunes", Johnny Hallyday. Le chanteur aura droit à un "hommage populaire" samedi sur les Champs Élysée, également en présence d’Emmanuel Macron.

Incinéré "plus tard" dans l'intimité

La dépouille de Jean d'Ormesson sera incinérée "plus tard" dans l'intimité, a confié sa famille à l'AFP. Le romancier, archétype de l'écrivain à la française, charmant et charmeur, est décédé d'une crise cardiaque à son domicile de Neuilly-sur-Seine.

Homme brillant, espiègle, volontiers séducteur derrière son regard bleu malicieux, l'ancien directeur général du Figaro restera comme l'un des plus grands écrivains populaires français. Tous ses livres figuraient sur les listes des meilleures ventes.

Privilège rare, la Pléiade l'avait fait entrer de son vivant dans sa prestigieuse collection. Cette publication dans la collection de son "maître" Chateaubriand demeurait l'une de ses plus grandes fiertés.

L'homme qui avouait avoir écrit son premier roman "pour plaire à une fille" et estimait n'avoir "absolument pas la vocation à être romancier" avait été élu sous la Coupole en 1973, à l'âge de 48 ans, devenant alors le benjamin de l'Académie française.

Avec AFP