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Au Honduras, le président en passe d'être réélu, son opposant crie à la fraude

Le chef de l'État sortant du Honduras, le conservateur Juan Orlando Hernandez, était jeudi en passe de remporter l'élection présidentielle face à son rival de gauche Salvador Nasralla, qui crie à la fraude. Dans la rue, les tensions montent.

Les résultats s’annoncent serrés et la bataille pour la présidence du Honduras âpre. Jeudi 30 novembre, le président sortant Juan Orlando Hernandez était en tête avec 42,48 % des voix contre 41,7 % pour Salvador Nasralla, star de la télévision et candidat de l’opposition de gauche, selon des résultats partiels portant sur près de 89 % des suffrages et publiés par le Tribunal suprême électoral (TSE).

Ce n’est pourtant pas ce que présageaient les premiers résultats. Les chiffres diffusés dans la nuit de dimanche à lundi créditaient en effet de cinq points d'avance le candidat de l'Alliance de l'opposition contre la dictature (gauche). Depuis, l'écart s'est lentement resserré au fil du dépouillement avant que l'ordre ne s'inverse entre mercredi et jeudi. Un magistrat du TSE avait pourtant assuré mardi que l'avance du candidat de l'opposition était "irréversible".

Le président du TSE, David Matamoros, a assuré que le décompte des voix serait totalement achevé jeudi, quatre jours après le scrutin présidentiel à un tour qui opposait neuf candidats. Interrogé sur les accusations de fraude, il a refusé "d'entrer dans des querelles avec un candidat".

Panne informatique

La lenteur du dépouillement a créé un climat d'incertitude et de suspicion de fraude. Jeudi à l'aube, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation des partisans de Salvador Nasralla devant le siège du TSE. La veille, l'opposant avait accusé le tribunal de fraude et appelé ses sympathisants à se mobiliser pour défendre ce qu'il considère comme sa victoire.

Desalojan manifestantes en la capital - https://t.co/G0Tyro8t0t pic.twitter.com/4pDVTNDwin

  Aqui Honduras (@AQUIHONDURAS) 30 novembre 2017

La méfiance est d'autant plus grande que mercredi, le système informatique du TSE a subi une interruption de cinq heures. "Nous ne reconnaissons pas les résultats parce qu'aujourd'hui (mercredi) le serveur (du TSE) est tombé en panne et ils ont commencé à entrer des données que nous ne pouvons autoriser, des procès-verbaux qui ne sont pas signés et vous pouvez le vérifier. Ce sont des procès-verbaux falsifiés. Ils ne sont pas signés des représentants" des bureaux de vote, a assuré Salvador Nasralla.

Marco Ramiro Lobo, du TSE, a déclaré à Radio America que ces incidents étaient inexplicables car d'importants investissements avaient été faits dans le système informatique du tribunal. "J'ai des doutes parce que curieusement aujourd'hui, jour où la tendance s'inverse, le système informatique TSE a commencé à tomber en panne", a-t-il dit.

Recomptage public

Salvador Nasralla, 64 ans, s'est présenté comme le candidat anti-corruption et a bénéficié de son image d'outsider. Juan Orlando Hernandez, 49 ans, est quant à lui arrivé au pouvoir en 2013 après des élections contestées par la gauche : il avait été autorisé par la Cour constitutionnelle à se représenter alors même que la Constitution du Honduras interdit toute réélection. Il a demandé à ses partisans d'attendre les résultats dans le calme jusqu'au dépouillement "du dernier bulletin".

Jeudi, l'ex-président de gauche Manuel Zelaya, renversé en 2009 par un coup d'État militaire et dirigeant de la coalition de Salvador Nasralla, a proposé un recomptage en direct à la télévision des procès-verbaux litigieux et en présence des observateurs internationaux. "Qu'ils (les magistrats du TSE) ne disent pas qu'ils vont faire seuls le recomptage car nous n'avons pas confiance" en eux, a-t-il déclaré.

Avec AFP