
Les discussions inter-syriennes à Genève devaient reprendre mardi mais les représentants du régime syrien n’arriveront que mercredi. Un cessez-le-feu devrait toutefois intervenir en Ghouta orientale.
Alors que le processus de négociations de paix à Genève entre le régime du président Bachar al-Assad et l'opposition syrienne, sous l’égide de l’ONU, doit reprendre mardi 28 novembre à Genève, Damas, auréolée de ses succès militaires, a annoncé que sa délégation n'arriverait que mercredi.
"La délégation du gouvernement n'est pas encore arrivée mais l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie a reçu un message disant qu'elle prévoyait d'arriver demain [mercredi]", a affirmé Alessandra Vellucci, porte-parole de l'ONU à Genève, ajoutant que l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, allait rencontrer la délégation de l'opposition syrienne, "un peu plus tard" dans la journée.
Staffan de Mistura a participé mardi matin à une rencontre avec des représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, organisée à l'initiative de la France. Il a annoncé le régime de Damas avait accepté de mettre en place un cessez-le-feu dans la Ghouta orientale. "Je viens d'être informé par les Russes que lors de la réunion du P5, la Russie a proposé – et le gouvernement a accepté – un cessez-le-feu dans la Ghouta orientale", a-t-il déclaré à l'issue de la rencontre avec l'opposition syrienne.
Assiégée depuis 2013 par le régime de Bachar al-Assad, la Ghouta orientale fait partie des quatre zones de "désescalade" mises en place cette année dans certaines régions du pays en vue d'instaurer une trêve. Malgré cela, le régime a intensifié depuis la mi-novembre ses frappes contre cette région, où quelque 400 000 habitants subissent déjà de graves pénuries de nourriture et de médicaments.
Le départ d'Assad en question
Selon le journal syrien Al Watan, la délégation gouvernementale a reporté son départ pour la Suisse afin de protester contre l'opposition syrienne qui exige toujours le départ de Bachar al-Assad. Damas espérait que ses récents gains militaires pousseraient les opposants à renoncer à cette exigence formulée depuis le début du conflit il y a bientôt sept ans et à accepter le principe d'une transition pilotée par le président syrien jusqu'à la tenue de nouvelles élections.
Déjà bien mal engagées malgré les efforts de l'ONU lors des sept précédentes sessions, ce round de négociations devait tourner quatre sujets : la mise en place d'une "gouvernance crédible, inclusive et non-sectaire"; l’élaboration d'une nouvelle Constitution; la préparation d'élections "sous la supervision des Nations unies" et des discussions sur le terrorisme.
En septembre, Staffan de Mistura avait appelé l'opposition syrienne, qui sera représentée pour la première fois par une délégation unique, représentant toutes ses composantes, à être "assez réaliste pour constater qu'elle n'a pas gagné la guerre". Soit de ne plus exiger comme condition préalable le départ d’Assad. Il a réaffirmé, lundi, qu'il n'accepterait "aucune condition préalable de la part d'aucune des deux parties".
L'impasse reste totale
Mais à peine arrivé à Genève, le chef de la délégation de l'opposition, Nasr Hariri, a réaffirmé lundi soir devant les journalistes que le président Assad devrait partir avant tout scrutin. Il a rappelé que la résolution 2 254 adoptée en 2015 par le Conseil de Sécurité prévoit, dans une première étape, la mise en place d'une "gouvernance crédible, inclusive et non-sectaire" en Syrie. "Ça signifie que Bachar al-Assad ne sera plus au pouvoir au début" de cette transition vers des élections, a-t-il estimé.
L’impasse reste totale, puisque la semaine dernière, un proche conseiller du président Assad a indiqué que les discussions de Genève ne pourraient aboutir que si les rebelles acceptaient de déposer les armes.
De son côté, la France a demandé une réunion, mardi matin, à Genève avec les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité – les États-Unis, la Chine, la Russie, et le Royaume-Uni – en présence de Staffan de Mistura.
Le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump ont souligné, lundi, lors d'un échange téléphonique, que le processus de Genève était le "seul forum légitime" pour débattre de l'avenir de la Syrie, selon un compte-rendu de l'échange diffusé par la Maison Blanche.
Avec AFP et Reuters