Le principal syndicat de pilotes d'Air France demandera le remplacement de toutes les sondes de mesure de vitesse de marque Thalès (sondes Pitot), si les enquêtes en cours prouvent qu'elles sont à l'origine de plusieurs incidents aériens.
AFP - Le syndicat de pilotes majoritaire chez Air France a demandé mercredi le changement de toutes les sondes de mesure de vitesse de marque Thales équipant les avions de la compagnie, s'il était prouvé que l'incident qui a touché un A320 mi-juillet n'était "pas isolé".
Le syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) avait réclamé dans un premier temps le remplacement des sondes Pitot de marque Thales par des sondes Goodrich sur l'ensemble de la flotte de la compagnie, sans y adjoindre de condition.
"On demande une modification de la flotte pour mettre des sondes qui n'ont jamais fait l'objet de la moindre récrimination", avait dit mercredi matin à l'AFP le porte-parole du SNPL, Erick Derivry.
Selon le syndicat, 70% de la flotte mondiale d'avions commerciaux est équipée de sondes de l'américain Goodrich, qui n'auraient fait l'objet d'aucun incident répertorié.
Cette demande avait été formulée après l'annonce mardi soir qu'un Airbus A320, effectuant la liaison Rome-Paris, avait subi le 13 juillet un nouvel incident lié à une sonde Pitot de marque Thales.
Mais Air France a ensuite apporté des précisions sur ce "dysfonctionnement de l'indication de vitesse", expliquant qu'il avait été "très bref, six secondes".
L'avion, équipé d'un nouveau modèle de sonde Thales, différent de celle de même marque qui équipait l'A330 d'Air France accidenté entre Rio et Paris, a sans doute connu "un givrage à haute altitude", selon la compagnie.
Air France a assuré que "les vols effectués avec les divers types de sonde autorisées se déroulent en toute sécurité".
La compagnie française avait connu la plus grande catastrophe de son histoire avec le crash du vol Rio-Paris, qui a fait 228 morts le 1er juin.
Les sondes Pitot ont été mises en cause par plusieurs syndicats de pilotes après cet accident, dont les causes restent toutefois officiellement indéterminées. A la suite de ce crash, Air France avait accéléré le remplacement des sondes par les modèles plus récents.
Vu la brièveté de l'incident du 13 juillet, le SNPL a finalement tempéré mercredi soir sa demande, qu'il ne maintiendra que si l'incident du Rome-Paris "n'est pas un événement isolé et si ce sont bien les sondes" qui sont en cause.
Le dysfonctionnement sur le vol Rome-Paris ne s'est "pas passé a priori dans un phénomène orageux", à la différence du vol AF447, a aussi noté mercredi soir M. Derivry.
Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de l'enquête technique sur le crash du vol AF447, a confirmé pour sa part étudier le problème survenu sur l'A320 d'Air France.
"On étudie cet événement dans le cadre du travail qui est en cours sur l'ensemble des perturbations qui sont liées aux indications de vitesse en vol", a dit une porte-parole à l'AFP.
Thales n'était pas immédiatement joignable mercredi pour un commentaire. Le PDG de Thales Luc Vigneron, interrogé lundi lors de la présentation des résultats du groupe sur la fiabilité de ses sondes après l'accident de l'AF447, avait répondu : "C'est aux experts de faire leur travail".