Le poumon d'acier est un tube métallique qui a sauvé des milliers de vies à travers le monde au milieu du XXe siècle. Certains ont passé leur vie entière dedans, d'autre en ont encore besoin pour survivre. Ils témoignent.
Les poumons d’acier sont en train de disparaître. Dans un article poignant, Gizmodo est revenu sur l’histoire de ces énormes tubes métalliques inventés à la fin du XIXe siècle. Pendant plusieurs décennies, ils ont été la seule solution viable pour les personnes atteintes de graves insuffisances respiratoires, comme la poliomyélite.
De nos jours, seule une poignée de personnes vivent encore dans ces machines infernales. Ce sont des gens âgés, atteints par la maladie durant leur jeunesse, qui passent l’immense majorité de leur temps dans ces poumons d’acier. Pour certains, cela fait plus de soixante ans que ça dure.
Le premier poumon d’acier fut utilisé le 12 octobre 1928, au Children’s Hospital de Boston, sur un enfant inconscient à cause de problèmes d’insuffisance respiratoire. En quelques secondes à peine, l’état de santé de l’enfant s’améliora et il reprit connaissance.
Mais c’est au début des années 1940 que l’utilisation du respirateur Drinker, du nom de son inventeur, se popularisa. À l’époque, la poliomyélite, couramment appelée polio, une maladie infectieuse qui peut atteindre la moelle épinière et l’appareil respiratoire commence à faire des ravages dans le monde entier. De 1945 à 1956, on comptait environ 2 000 cas chaque année en France, et jusqu'à 4 000 en 1957. Aux États-Unis, la pire épidémie de polio date de 1952, où plus de 24 000 personnes étaient atteintes.
Paul Alexander, une vie dans la machine
Le premier vaccin contre la polio fut inventé trois ans plus tard par le biologiste américain Jonas Salk. Mais entre-temps, des milliers de personnes avaient été placées dans les poumons d’acier. Certaines photographies d’époque montrent des salles entières remplies de ces machines souvent faites sur mesure. Le principe est simple : la pression à l’intérieur du caisson, dont seule la tête du patient sortait, était alternée par une sorte de soufflet géant. D’où le terme particulièrement explicite de poumon d’acier.
Certaines personnes passaient quelques jours, d’autres quelques semaines dans cette machine. Jonnings Brown, reporter pour Gizmodo, a notamment rencontré Paul Alexander, 70 ans, vivant dans ce poumon d’acier depuis l’âge de 6 ans. Il peut en sortir simplement quelques heures par jour, ce qui ne l’a pas empêché de devenir avocat et d’exercer sa profession.
En 2015, l’histoire de Paul Alexander s’est popularisée lorsque l’un de ses amis a posté une vidéo sur YouTube, le montrant dans son poumon d’acier. On le voit expliquer qu’il a des problèmes avec la machine parce qu’il ne trouve plus personne pour la réparer. Grâce à cette vidéo, il a finalement trouvé quelqu’un capable de bidouiller l’engin.
Mais pour la poignée de personnes vivant encore dans ces machines, le problème est similaire : presque plus personne ne produit ou n’est en mesure de fournir des pièces de rechange nécessaires à la machine. En 2009, Martha Mason, qui a également vécu plus de 60 ans dans la machine, fut retrouvée morte parce que son poumon d’acier ne fonctionnait plus. D'autres cas similaires, comme celui de l'australienne June Middleton, furent très médiatisés.
Aujourd'hui, le poumon d'acier est en train de disparaître. La plupart des patients atteints de paralysie respiratoire utilisent une ventilation en pression positive continue. Quant à la polio, le dernier cas répertorié en France remonte à 1995. Elle a été officiellement déclarée éradiquée en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud, notamment en Inde. Mais elle existe toujours dans de nombreuses parties du monde. Selon Gizmodo, 37 cas ont été découverts en 2016 en Afghanistan, au Nigeria et au Pakistan. En 2015, l'OMS comptabilisait 73 cas de polio dans le monde.
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