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Zimbabwe : le président Robert Mugabe ne renonce pas au pouvoir

Dimanche, dans un discours à la nation, Robert Mugabe a défié ses adversaires. Menacé de destitution, ce dernier a affirmé qu'il présiderait le mois prochain le congrès du Zanu-PF dont il a été exclu plus tôt dans la journée.

Le président zimbabwéen, Robert Mugabe, a terminé son très attendu discours à la nation, dimanche 19 novembre, dans la soirée, sans annoncer sa démission défiant ainsi toutes les attentes et les rumeurs sur son départ.

Le chef d'État a indiqué qu'il présiderait, le mois prochain, le congrès du parti au pouvoir, la Zanu-PF, dont il a pourtant été exclu plus tôt dans la matinée. "Le congrès doit se tenir dans les prochaines semaines. J'en présiderai les débats", a-t-il déclaré à la surprise générale alors que la Zanu-PF avait annoncé son intention d'entamer une procédure de destitution si le président ne remettait pas sa démission d'ici lundi à la mi-journée.

L'ancien ministre des Finances Patrick Chinamasa a prévenu, à la suite de cette intervention, que la procédure serait effectivement lancée si le président ne se pliait pas à l'ultimatum. Les décisions du parti ont été saluées par une population avide de changements, dans un pays ruiné où le taux de chômage avoisine les 90 %.

Lors de ce discours télévisé, Robert Mugabe était entouré de hauts gradés. L'armée, qui a pris le contrôle du pays dans la nuit de mardi et mercredi, à la suite de l'éviction du vice-président Emmerson Mnangagwa, a assigné le chef d'État à résidence.

Samedi, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour soutenir cette intervention et demander le départ du dirigeant.

"Je reconnais les problèmes qui ont été soulevés"

"L'opération à laquelle j'ai échappée (...) n'a pas remis en cause mon autorité en tant que chef de l'État et commandant en chef de l'armée", a toutefois estimé  Robert Mugabe, dans un long discours, lu avec grand peine et retransmis en direct à la télévision d'État.

Zimbabwe : le président Robert Mugabe ne renonce pas au pouvoir

"Quels que soit les pour et les contre de l'opération de l'armée, moi, en tant que commandant en chef, je reconnais les problèmes qui ont été soulevés", a-t-il ajouté, avant de critiquer "les messages contradictoires du gouvernement et du parti". "Tout cela doit cesser, alors que nous adoptons une nouvelle culture de travail", a-t-il lancé.

Et d'ajouter, sibyllin, "nous devons apprendre à pardonner et résoudre nos contradictions, réelles ou ressenties, dans un esprit de camaraderie zimbabwéenne".

L'envoyée spéciale de France 24, Caroline Dumay, fait état "d'une extrême consternation" dans le pays à l'issue de cette déclaration.

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"Ce discours était totalement déconnecté de la réalité. Nous soutiendrons toute procédure de destitution et appelons à manifester mercredi", a déclaré le chef de la puissante association de vétérans, Chris Mutsvangwa.

"Les gens doivent redescendre dans la rue, ce n'est pas juste", a affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat un agent de sécurité dans les rues quasi désertes du centre d'Harare. Dans les bars, les Zimbabwéens qui avaient suivi le discours en direct, sont partis immédiatement après, décontenancés.

Avec AFP