Faute d'accord, les discussions en vue de former une coalition de gouvernement composée des conservateurs, des libéraux et des Verts vont se poursuivre. En cas d'échec, de nouvelles élections ne sont pas à exclure. Au grand dam d'Angela Merkel.
Une nouvelle nuit n’aura pas suffi. Faute d' un accord nocturne, conservateurs, libéraux et écologistes allemands reprennent, vendredi 17 novembre, leurs pourparlers marathon pour former un gouvernement et éviter la tenue d’élections anticipées.
Après un mois de négociations laborieuses, les quatre partis politiques (CDU, CSU, FDP, Verts) qui tentent de mettre sur pied une coalition ont finalement décidé dans la nuit de jeudi à vendredi de prolonger leurs discussions au-delà du 16 novembre, date-butoir fixée jusqu'ici par la chancelière Angela Merkel . Si nécessaire, ces négociations, qui se tiennent à huis-clos et dans une atmosphère tendue, se poursuivront "durant tout le week-end", a avancé l'une des figures des conservateurs bavarois (CSU), Alexander Dobrindt.
Les conservateurs du camp de la chancelière Angela Merkel ont pourtant annoncé qu'ils pourraient faire davantage de compromis sur les politiques relatives au changement climatique pour parvenir à un accord.
Volker Kauder, le leader parlementaire de sa formation chrétienne-démocrate (CDU), s'est notamment dit prêt à accepter des compromis sur la réduction des émissions des centrales électriques au charbon pour apaiser les inquiétudes des Verts.
Peu avant la reprise des travaux vendredi midi, Angela Merkel a admis que les prochaines séances seraient "certainement dures [mais] malgré les difficultés (…) cela vaut la peine d'aller dans un second tour [de discussions], notamment sur la question brûlante de l'immigration sur laquelle bataillent conservateurs et écologistes.
De nouvelles élections ? Non, merci...
La chancelière se retrouve plus que jamais au pied du mur. Si la dirigeante des conservateurs ne parvient pas à élaborer une feuille de route pour gouverner avec le parti libéral (FDP) et les Verts, les Allemands devront sans nul doute retourner aux urnes. Un scrutin qui pourrait signer le clap de fin pour la dirigeante allemande.
Mais la perspective de nouvelles élections n'allèche personne, notamment parce qu'elles risqueraient de donner des ailes à l'extrême droite. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) , avec son discours anti-immigration, anti-islam et anti-Merkel, a fait une entrée fracassante à la chambre des députés où elle a raflé 92 sièges sur 706 .
C'est justement sur l'immigration, sujet phare en Allemagne depuis l'afflux de réfugiés en 2015, que les négociations pourraient échouer, en raison de positions idéologiques aux antipodes. "Nous avons tenté de bâtir des ponts, mais jusqu'ici nous avons malheureusement échoué", a reconnu Wolfgang Kubicki, chef du groupe parlementaire libéral.
Tour de vis migratoire
Face à l'émergence de l'AfD et à la pression des plus conservateurs de son parti, Angela Merkel a promis de donner un sérieux tour de vis en matière d'accueil des demandeurs d'asile après avoir décidé d'ouvrir les portes de son pays à plus d'un million d'entre eux en 2015-2016. Sa famille politique entend désormais limiter le nombre de nouveaux demandeurs d'asile à quelque 200 000 par an.
C’est la question particulièrement épineuse du regroupement familial qui fait l'objet de la plus âpre bataille. Si les écologistes exigent une reprise des regroupements familiaux pour les réfugiés n'ayant obtenu qu'un titre de séjour d'un an renouvelable, les camps conservateur et libéral s’y refusent catégoriquement.
La politique fiscale et notamment l'éventuelle suppression d'un impôt créé en soutien aux régions déshéritées de l'ex-RDA, demeure également une pomme de discorde. Rien n'a filtré sur d'éventuelles avancées concrètes, mais les négociateurs se disputent aussi sur les dossiers Europe et environnement.
Avec AFP