
La Zambie ne parvient plus à endiguer le flot de réfugiés provenant chaque jour de la République démocratique du Congo voisine pour échapper à la guerre et aux viols. Dans les camps zambiens, on redoute une crise humanitaire prochaine.
Plusieurs milliers de citoyens de la République démocratique du Congo ont passé la frontière zambienne ces dernières semaines pour fuir la guerre, les meurtres et les viols et la Zambie peine aujourd'hui à accueillir le flot de réfugiés. Selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), cette vague est la plus importante depuis cinq ans en Zambie.
La plupart des quelque 6 000 personnes recensées par les autorités de Lusaka sont originaires des provinces du Haut-Katanga et du Tanganyika, dans le sud-est de la RD Congo, en proie à des affrontements entre l'armée régulière de Kinshasa et des milices.
Des scènes atroces
Sur les bords du lac frontalier Moero, où ils ont pris leurs précaires quartiers, la plupart des réfugiés mettent en cause les troupes du président congolais Joseph Kabila, à leurs yeux responsables des pires atrocités commises dans le sud-est de leur pays.
"J'ai vu une femme enceinte qui a été violée, son ventre ouvert et son bébé tué avant qu'elle soit elle-même assassinée", affirme à l'AFP Kaimba Kazili, 39 ans, rencontrée dans le camp de transit de Kenani à Nchelenge, ville située au bord du lac. "Ce n'est plus sûr de vivre au Congo, ce sont les soldats du gouvernement qui tuent".
Kaimba Kazili a réussi à rallier le territoire zambien le 14 septembre. Lors de son exode sur les routes congolaises, elle a donné naissance à des triplés, deux garçons et une fille nommés Ari, Kalangila et Kanaila. "Ça n'a pas été facile", commente-t-elle sobrement, "heureusement que nous avons croisé la route d'un homme qui conduisait un bus et qui nous a transportés". Les trois nourrissons ont été présentés la semaine dernière au président zambien Edgar Lungu, qui a visité le camp accompagné de responsables du HCR.
Une fois en sécurité dans les camps de transit, la vie reste cependant compliquée : les rations alimentaires sont comptées et le paludisme menace. "On manque d'hôpitaux pour les enfants", déplore Mauno Rukogo.
Vers une crise hunmanitaire
Le HCR a dressé des tentes et des huttes au toit de chaume sur les 56 hectares du camp de transit de Kenani et creusé des puits et des toilettes. L'agence assure aussi fournir quotidiennement 400 grammes de maïs et 60 grammes de riz pour chaque famille.
Même maigres, ces rations semblent pour l'heure leur suffire. "Ma femme a été tuée devant mes yeux par les troupes du gouvernement, j'ai réussi de justesse à me sauver avec mes trois enfants", déclare Minga wa Minga, un maître d'école de 40 ans.
"Il faut que l'ONU réagisse tout de suite", poursuit-il. "Ils considèrent que la situation est une crise humanitaire mais il faut qu'ils empêchent Kabila de détruire complètement le pays."
Le climat politique est très tendu dans cet immense pays d'Afrique centrale en raison du maintien au pouvoir du président Kabila, dont le deuxième et dernier mandat, selon la Constitution, s'est achevé en décembre.
La commission électorale a finalement annoncé début novembre que la présidentielle se tiendrait le 23 décembre 2018.
Avec AFP