logo

Pollution plastique : l'accord international toujours hors de portée
Les représentants des 184 pays présents à Genève, peinent à s'accorder sur un traité mondial contre la pollution plastique. Alors que les négociations entrent dans leur dernière phase, un bloc de pays producteurs de plastique résiste toujours, face à des pays dits "ambitieux" et des ONG qui réclament des mesures plus strictes. 
Le "Fardeau du Penseur", une installation évolutive de l'artiste, photographe et militant canadien Benjamin Von Wong devant le siège genevois de l'Onu, est peu à peu recouvert de déchets plastique, alors que les délégués réunis à l'intérieur du Palais des Nations ont bien du mal à trouver un terrain d'entente pour rédiger le premier traité international sur la pollution plastique, le 12 aout 2025 © Fabrice COFFRINI / AFP

À Genève, les représentants de 184 pays ont beaucoup de difficultés mercredi à s'entendre sur les mesures nécessaires pour réduire la pollution plastique au niveau mondial, et les négociateurs censés rendre un texte de traité international jeudi sont "au bord du gouffre", selon une déléguée.

Dans la dernière phase de négociation, des dizaines de ministres sont arrivés à Genève pour tenter de débloquer le processus piloté par des diplomates, mais les négociations qui opposent de gros blocs de pays dans un climat tendu sont "très difficiles", a indiqué le ministre danois de l'Environnement Magnus Heunicke.

Une nouvelle mouture du texte de traité sur lequel travaillent les délégués depuis neuf jours, simplifiée par le président des débats, est attendue dans la journée, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources, et une réunion plénière pour faire le point a été fixée à 19H00.

Pollution plastique : l'accord international toujours hors de portée
Le président des négociations, l'ambassadeur équatorien Luis Vayas Valdivieso, apparaît sur un écran pendant son discours lors des négociations sur le traité relatif aux plastiques aux bureaux des Nations Unies à Genève, le 5 août 2025. © Fabrice Coffrini - AFP

Le débat oppose toujours un groupe de pays pétroliers qui refusent toute contrainte sur le niveau de production du plastique, dérivé du pétrole, et toute interdiction de molécules jugées dangereuses pour l'environnement ou la santé au niveau mondial. Deux mesures vivement soutenues par un groupe de pays "ambitieux" plus important, ainsi que les ONG.

Ils font valoir des vices de forme sur le début du processus de négociation adopté par l'Assemblée des Nations Unies pour l'Environnement en 2022 (sans l'Arabie Saoudite absente), et remettent en question même la portée du traité, estimant qu'il doit seulement porter sur la gestion du traitement des déchets, mais pas sur l'aval du cycle de production du plastique, ni sur des sujets de santé.

David Azoulay, directeur du programme de santé environnementale au sein du groupe de réflexion suisse CIEL, s'attend à ce que le texte de synthèse que doit publier dans la journée le président des débats, soit "le plus petit dénominateur commun", "très faible", et qu'il ne soit pas à la hauteur d'un traité censé régler la crise du plastique.

Sous pression des ONG et des scientifiques 

"Les négociateurs sont au bord du gouffre", a ajouté Pamela Miller, coprésidente de l'ONG IPEN (International pollutants elimination network). Selon elle, "le traité plastique c'est le pétrole contre notre santé. Les gouvernements à Genève doivent dire de quel côté ils se trouvent".

Eirik Lindebjerg, de l'organisation environnementale WWF, craint "des compromis" et un "mauvais accord" de dernière minute, alors que WWF dit avoir recensé "plus de 150 pays en faveur d'une interdiction de certains plastiques et produits toxiques dangereux" et 136 souhaitant que le texte puisse à l'avenir être renforcé.

Idem pour Graham Forbes, chef de la délégation de Greenpeace : "les ministres doivent rejeter un traité faible", a-t-il dit à l'AFP mercredi.

"Un traité vidé de sa substance risque d'être contre-productif" a averti Marie-France Dignac, chercheuse française de l'INRAE qui pilote la délégation des scientifiques français présents aux négociations.

Mais Aleksandar Rankovic, du groupe de réflexion The Common Initiative, estime qu'il "n'y a pas assez de place dans ces discussions pour les transformations industrielles nécessaires dans les pays producteurs". "Certains abordent le sujet sous un angle de politique industrielle, de commerce international et d'accès au marché, alors que de l'autre côté, on ne les écoute pas et on parle de réglementation, d'environnement et de santé, ça ne peut pas marcher", a-t-il dit à l'AFP.

Pollution plastique : l'accord international toujours hors de portée
La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 30 juillet 2025. © Thomas Samson - AFP

Présente également à Genève, la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a accusé mercredi une poignée de pays producteurs de pétrole – et donc de plastique – de mener une "stratégie d’obstruction", citant notamment les pays du Golfe, la Russie et les États-Unis.

Selon elle, le texte de négociation est passé de "300 à 1 400 points" à discuter, illustrant la paralysie actuelle. La France et l’Union européenne, membres d'une coalition dite "ambitieuse", plaident pour que le traité intègre la réduction et l’écoconception de la production plastique, ainsi qu’une liste d’additifs dangereux à éliminer progressivement.

Pollution plastique : l'accord international toujours hors de portée

Avec AFP