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Hashtag #BoycottWebedia : des annonceurs déclarent vouloir suspendre leurs publicités sur Jeuxvideo.com

L'entreprise de pâtes Barilla, le groupe de protection sociale APICIL, le service d'écoute de musique en streaming Spotify et la Française des jeux ont déjà ouvert le bal.

Tout a commencé avec le cyberharcèlement, orchestré par des membres du forum 18-25 de Jeuxvideo.com, de militants féministes et de la journaliste Nadia Daam. Œuvre d'une poignée d'internautes ou entreprise collective rendue possible par un sexisme ambiant dont tout Jeuxvideo.com, site détenu par le groupe de médias Webedia, serait complice ?

Ce n'est pas la première fois que des attaques en ligne contre les féministes ont lieu. Mais la dernière en date, dirigée à l'encontre du numéro "anti-relous" à donner à toute personne ayant besoin d'un petit rappel de définition sur la notion de consentement, a mis le feu aux poudres. Initié par Sophie Gourion, ancienne conseillère en communication du ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, le hashtag #BoycottWebedia s'est propagé sur Twitter.

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"Pour que la peur change de camp, tapons au portefeuille", enjoint celle qui est aussi à l'origine du Tumblr "Les mots tuent". Le 3 novembre, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa interpelait déjà Webedia et Twitter.

Jurisprudence Hanouna 

Comme dans le scandale "Touche pas à mon poste", les débats existent depuis longtemps mais c'est bien la mise en branle des partenariats publicité qui aiguise la polémique. Car depuis, de nombreuses marques ont annoncé "mettre tout en œuvre pour suspendre [leur] campagne de publicité" sur la plateforme Jeuxvideo.com, à l'instar de l'entreprise de pâtes Barilla, du groupe de protection sociale APICIL, du service français d'écoute de musique en streaming Spotify et de la Française des jeux.

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Une façon pour ceux-ci de ne pas voir leurs noms entachés par le scandale Jeuxvideo.com, une autre pour les militants féministes de faire pression sur Webedia. De son côté, le groupe a promis de doubler ses effectifs internes de modération, "ainsi que la suppression systématiquement de tous les topics concernant Nadia Daam et d’une manière générale de tous les topics relatifs à cette affaire, que les contenus soient ou non critiquables", comme annoncé dans ce communiqué mis en ligne le 5 novembre. On y lit également que "comme tous les espaces de communication publics et les réseaux sociaux, les forums de Jeuxvideo.com peuvent être l’objet de dérives intolérables par des utilisateurs mal intentionnés. Au titre d’hébergeur de ces forums, le Groupe s’assure que les contenus illicites concernés soient supprimés le plus rapidement possible. Il compte pour cela une communauté de plus de 400 modérateurs bénévoles en support des administrateurs des forums de Jeuxvideo.com".

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Tout modérer, l'impossible défi ?

Sur la Toile, certains internautes font part de leur mécontentement à voir toute la réputation du forum résumée par ces derniers événements. D'autres se réjouissent de voir le forum enfin plier : "Des années qu'ils pleurnichent qu'ils peuvent rien faire et qu'ils s'en tamponnent, marrant de les voir soudain fébriles quand le fric s'en va", fait remarquer la gameuse @Mar_Lard.

Chose certaine : cet appel au boycott aura poussé la société éditrice du forum Jeuxvideo.com à réellement prendre en considération les complaintes. Le fait de renforcer l'équipe de modération et promettre de s'associer aux procédures judiciaires est un gain de cause pour les défenseurs du hashtag. Mais l'annonce de Webedia suffira-t-elle à calmer la violence polémique au cœur de laquelle se trouve cet acteur historique du Web français qui fête cette année ses 20 ans ? Alors qu'il se murmurait hier que Jeuxvideo.com testait le bannissement d'un certain nombre de mots-clés (et que certains habitués du 18-25 songeaient déjà à migrer vers d'autres plateformes telles que Discord ou Reddit), l'opération n'aura finalement duré qu'un court instant. Avec cette polémique, ce sont les éternelles questions de modération qui reviennent sur la table : peut-on filtrer le Web tout entier ? Dans quelle mesure peut-on exiger d'un forum qu'il n'héberge pas des propos racistes, sexistes, offensants, tout en garantissant la liberté d'expression ? Et avec quels moyens humains ?

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