L'Espagne a lancé vendredi un mandat d'arrêt européen contre Carles Puigdemont. Celui-ci s'est exilé à Bruxelles lundi, sans répondre à la convocation de la justice espagnole qui devait l'entendre sur son rôle dans le projet indépendantiste catalan.
Il aura fallu un peu plus de 24 heures à la justice espagnole pour rendre sa décision : un mandat d'arrêt européen contre le président catalan destitué Carles Puigdemont a finalement été émis vendredi 3 novembre, dans la soirée. La parquet en avait fait la requête la veille, après que l'ex-dirigeant catalan et quatre de ses "ministres" ont refusé de comparaître devant une juge d'instruction madrilène.
Celle-ci a émis le mandat pour "rébellion, sédition, détournement de fonds publics et désobéissance à l'autorité".
Accepter ou refuser le mandat d'arrêt
Exilé en Belgique, Carles Puigdemont a dénoncé "l'énorme influence de la politique sur le pouvoir judiciaire en Espagne", dans une interview en français à la RTBF donnée vendredi soir, presque simultanément à l'annonce de la justice espagnole. Le parquet fédéral belge a confirmé la réception du mandat d'arrêt, qu'il va "étudier".
Selon la procédure, le chef catalan et ses proches doivent recevoir une convocation devant un juge belge, devant être honorée sous 24 heures, qui leur signifiera les poursuites lancées par l'Espagne et leur permettra de prendre connaissance de leurs droits.
Carles Puigdemont peut accepter le mandat d'arrêt, et être alors très vite remis aux autorités espagnoles. S'il refuse, ce qui semble ici le scénario le plus probable, le mandat est contesté devant la Chambre du conseil.
Le pays dans lequel une personne est réclamée doit renvoyer celle-ci dans le pays émetteur du mandat d'arrêt dans un délai maximal de 60 jours.
Vers une candidature de Puigdemont aux régionales
Par ailleurs, la juge d'instruction de l'Audience nationale, tribunal siégeant à Madrid spécialisé dans les affaires sensibles, a inculpé le vice-président Oriol Junqueras et sept autres membres du gouvernement destitué qui s'étaient eux présentés dans son bureau. Ils ont été écroués. Un neuvième – qui avait démissionné avant la proclamation d'indépendance – a été libéré vendredi, sous caution.
Leur incarcération a été unanimement condamnée par les indépendantistes, qui font valoir le caractère "pacifique" de leur mobilisation depuis des années et du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre. Comme la veille, plusieurs milliers de manifestants ont demandé vendredi soir à Barcelone la libération des "ministres", clamant aussi leur confiance dans le "président légitime" de la Catalogne.
À moins de deux mois des élections régionales convoquées pour le 21 décembre par le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, Carles Puigdemont a fait un pas vers sa candidature vendredi, malgré sa probable remise à la justice espagnole dans les semaines à venir. "Je suis disposé à être candidat", a-t-il déclaré à la RTBF. "Je veux être un messager pour nos concitoyens."
Le tour judiciaire que prend le bras de fer entre Madrid et Barcelone pourrait profiter aux formations séparatistes, résolues à prendre leur revanche dans les urnes.
Avec AFP