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Publication des "JFK Files" : beaucoup de bruit pour rien

La mise en ligne, jeudi soir, de près de 3 000 documents relatifs à l’assassinat de l’ancien président américain John F. Kennedy a donné lieu à quelques révélations, mais pas de quoi mettre fin aux théories du complot.

Donald Trump avait pris un malin plaisir à faire monter la pression mais comme dirait Jacques Chirac : l’effet escompté a fait "pschitt". Depuis le 21 octobre et l’annonce de son intention de publier les dernières archives classifiées concernant l’assassinat de John F. Kennedy, le président américain faisait pourtant tout pour préparer l’opinion à quelque chose de sensationnel.

The long anticipated release of the #JFKFiles will take place tomorrow. So interesting!

  Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 25 octobre 2017

"La tant attendue publication des archives concernant JFK se fera demain. Tellement intéressant !", a ainsi tweeté Donald Trump le 25 octobre. Puis le lendemain : "Au final, il y aura une très grande transparence. J’ai l’espoir de tout divulguer au public !". Pourtant, l’ancien animateur du jeu de télé-réalité The Apprentice a été contraint de repousser de six mois la publication de certains documents jugés trop sensibles par la CIA et le FBI.

Sur les 3 100 dossiers encore secrets, ce sont 2 891 documents qui ont été mis en ligne le 26 octobre sur le site Internet des Archives nationales américaines. Les historiens, journalistes et citoyens passionnés par l'assassinat de JFK ont donc de quoi occuper leurs journées pour un bon moment.

Les informations inédites les plus intéressantes ont rapidement été relevées par la presse : l’assassin de Kennedy, Lee Harvey Oswald, tout comme l’homme qui le tua le 24 novembre, Jack Ruby, étaient déjà connus du FBI. Oswald était en contact avec un espion du KGB de l’ambassade russe de Mexico. La veille du meurtre d’Oswald par Jack Ruby, le FBI avait prévenu la police de Dallas que la vie d’Oswald était en danger. Les Soviétiques attribuèrent l’assassinat du président américain à un complot fomenté par l’extrême droite américaine ou par le vice-président Lyndon Johnson et craignaient qu’un "général irresponsable" ne profite de ces moments de troubles pour tirer un missile sur l’Union soviétique. Le FBI comprit rapidement que de nombreuses théories du complot risquaient de voir le jour. Un journaliste britannique du Cambridge Evening News reçut un appel téléphonique anonyme de vingt-cinq minutes avant l’assassinat de Kennedy pour lui indiquer d’appeler l’ambassade américaine à Londres car un événement majeur allait bientôt se produire.

Are you reading the files on John F. Kennedy's assassination? We're going through them and would like your tips. https://t.co/w9EepcXZ6e

  The New York Times (@nytimes) 27 octobre 2017

Mais au-delà de ces quelques révélations, il va désormais falloir regarder à la loupe ces nouvelles archives mises en ligne jeudi soir. Conscients de l’ampleur de la tâche, plusieurs médias ont fait appel à leurs lecteurs pour les aider à éplucher les quelque 3 000 documents. C’est le cas notamment du New York Times ou du Guardian. D’autres ont choisi de se concentrer sur les documents manquants, comme WikiLeaks qui promet une récompense de 100 000 dollars pour tout document non publié et compromettant.

"Personne ne va abandonner sa conviction qu'un complot a été ourdi"

Une chose est sure : ceux qui espéraient trouver dans les "JFK Files" le nom d’éventuels commanditaires de l’assassinat du 35e président des États-Unis peuvent toujours attendre. Les documents publiés ne disent rien sur le séjour d’une semaine d’Oswald au Mexique deux mois avant l’assassinat de Kennedy. Le dossier concernant J. Walton Moore, le chef de la CIA à Dallas au moment des faits, n’a pas non plus été publié. Tout comme celui mentionnant Gordon McClendon, un homme d’affaires de Dallas ayant discuté avec Jack Ruby juste avant que ce dernier ne tue Oswald.

Donald Trump a donné jusqu'au 26 avril 2018 aux services de renseignement pour vérifier les documents jugés sensibles non publiés et en censurer, le cas échéant, les parties les plus délicates. "Je n'ai pas d'autre choix, aujourd'hui, que d'accepter qu'on les étudie plutôt que de permettre une atteinte potentiellement irréversible à la sécurité de notre nation", a-t-il souligné.

Au final, alors que plus de la moitié des Américains estiment que Lee Harvey Oswald n’était pas l’unique tireur le 22 novembre 1963, selon de nombreux sondages Gallup réalisés ces cinquante-quatre dernières années, les archives publiées jeudi ne devraient pas mettre fin aux théories du complot. Bien au contraire.

"Personne ne va abandonner sa conviction qu'un complot a été ourdi parce que la publication des dossiers ne le prouve pas. Ils diront simplement qu'ils ont été détruits ou dissimulés", a déclaré à l’AFP Gerald Posner, auteur de Case Closed, une enquête ayant conclu qu’Oswald avait agi seul.