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Kenya : au moins un mort dans des affrontements en marge de la présidentielle

Au moins un partisan de l'opposition a été tué par balle jeudi dans des affrontements avec la police en marge du scrutin présidentiel au Kenya, selon des sources policière et hospitalière.

Au Kenya, quelque 19,6 millions d'électeurs sont appelés à voter, jeudi 26 octobre, dans les 40 883 bureaux de vote du pays. Aux premières heures du scrutin, l'effervescence électorale de la présidentielle du 8 août -invalidée par la justice pour "irrégularités"- était quasiment absente. Lors de cette élection Uhuru Kenyatta avait été proclamé vainqueur avec 54,27% des voix, contre 44,74% à Raila Odinga.

"C'est mon devoir de voter. La dernière fois, la file d'attente faisait le tour du pâté de maison et j'avais dû patienter 6 heures pour voter. Mais cette fois-ci, il y a peu de monde", a déclaré à l'AFP David Njeru, un chauffeur de taxi de 26 ans venu voter à Mathare.

Dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, des incidents ont éclaté. La police est intervenue à coup de gaz lacrymogènes et a tiré en l'air pour disperser des manifestants qui essayaient d'empêcher l'accès à plusieurs bureaux de vote. Des scènes similaires ont eu lieu dans un autre bidonville de Nairobi, Mathare, ainsi qu'à Kisumu et Migori, des villes de l'Ouest, bastions de l'opposition.

Des échauffourées entre la police et des manifestants ont fait un mort et trois blessés à Kisumu, a-t-on appris de source médicale. "Un jeune homme de 17-18 ans, qui saignait abondamment, a été transporté à l'hôpital. Nous lui avons fait une transfusion mais il a succombé à ses blessures", a dit Henry Omosa, un infirmier d'un hôpital public. Trois autres personnes blessées par balles ont été admises à l'hôpital, a-t-il ajouté.

Vote impossible à organiser dans les bastions de l'opposition

Urnes et kits électroniques non acheminés, bureaux de vote fermés avec des cadenas, aucune file d'électeurs à l'horizon, responsables électoraux restés chez eux de peur d'être attaqués : les opérations de vote semblaient impossibles à organiser en l'état à Kisumu, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Je ne comprends pas que rien n'ait été organisé pour le vote ; même si seulement 10 personnes veulent voter, les bureaux de vote devraient être ouverts!", s'est insurgé Joshua Nyamori, 42 ans, partisan de Raila Odinga, le chef de l'opposition, qui a trouvé porte close en tentant de se rendre à son bureau de vote de Kisumu, dans cette région majoritairement peuplée par l'ethnie luo de Raila Odinga.

Bastien Renouil, correspondant de France 24 au Kenya, a fait le même constat dans à Kibera. "Les bureaux de vote n'ont pas reçus de matériel électoral", raconte le journaliste. "Plus inquiétant encore, on fait état de bandes de jeunes empêchant les gens d'aller voter malgré les consignes de Raila Odinga."

Kenya : au moins un mort dans des affrontements en marge de la présidentielle

Le leader de l'opposition Raila Odinga, 72 ans, a appelé au boycott du scrutin, estimant que les conditions d'une élection transparente et juste n'étaient pas réunies. Le président sortant Uhuru Kenyatta, qui fête jeudi son 56e anniversaire, est dès lors assuré de l'emporter face à six candidats mineurs. Mais sa victoire annoncée fera certainement l'objet de recours devant la justice.

Avec AFP et Reuters