En ouverture du congrès du Parti communiste chinois, qui doit lui offrir un nouveau mandat, le président Xi Jinping n'a laissé aucun espoir de libéralisation politique du régime. Tout en prônant une certaine ouverture sur le plan économique.
Xi Jinping a appelé, mercredi 18 octobre, les communistes chinois à combattre tout ce qui pourrait menacer l'autorité du parti au pouvoir, à l'ouverture d'un congrès qui doit offrir à l'homme fort de Pékin un nouveau sacre à la tête de la Chine, pays le plus peuplé du monde.
Promettant "une nouvelle ère" socialiste à son pays, dont il a brossé le tableau jusqu'en 2050, le président chinois n'a laissé aucun espoir de libéralisation du régime, dans un discours dépassant trois heures, devant le symbole géant de la faucille et du marteau sur fond de drapeaux rouges.
"Chacun d'entre nous doit en faire davantage pour défendre l'autorité du parti et le système socialiste chinois et s'opposer résolument à toute parole et action de nature à les saper", a martelé le président chinois, devant les quelque 2 300 membres réunis pour la grand-messe quinquennale du parti au pouvoir.
Presque tous en costume sombre et cravate rouge, les délégués du "plus grand parti du monde" (89 millions de membres) écoutaient religieusement le discours de leur chef dans le cadre ultra-sécurisé du Palais du peuple à Pékin, après avoir applaudi comme un seul homme lorsqu'il a fait son entrée, souriant, aux côtés de ses deux prédécesseurs, les anciens présidents Jiang Zemin et Hu Jintao.

Défenseur d'une économie mondiale ouverte
Sur le front économique, le président chinois s'est présenté en défenseur d'une économie mondiale ouverte, dans laquelle le développement de la Chine n'est une menace pour personne. La Chine va laisser le marché jouer un rôle décisif dans
l'allocation des ressources économiques, a-t-il dit.

Pékin va maintenir des réformes structurelles axées sur l'offre, continuer de réduire les surcapacités de production et poursuivre ses efforts de désendettement, a-t-il poursuivi. Appelant à ouvrir les portes de l'économie chinoise, le dirigeant a annoncé sa volonté de faciliter les investissements étrangers.
Pékin sous haute surveillance
Matches de foot interdits, boîtes de nuit fermées, police omniprésente : la capitale est sous haute surveillance pour assurer un déroulement sans accroc du grand rendez-vous quinquennal du pouvoir chinois, qui doit durer une semaine. Le 19e congrès devrait donner sans coup férir un nouveau mandat de cinq ans à Xi Jinping en tant que secrétaire général, voire lui permettre d'envisager un règne encore plus long. La limite d'âge de 68 ans imposée aux membres du bureau politique, l'instance de 25 membres qui dirige la Chine, pourrait en effet disparaître à point nommé pour Xi Jinping, qui aura 69 ans lors du prochain congrès en 2022.
Xi Jinping "cherche à se poutiniser" en restant au pouvoir indéfiniment, observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l'Université baptiste de Hong Kong, en référence au président russe Vladimir Poutine, avec qui le numéro un chinois semble partager une certaine nostalgie de l'ère soviétique et une défiance de l'Occident, servie par l'essor économique phénoménal de son pays.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Xi Jinping, considéré comme le plus puissant dirigeant chinois depuis le fondateur du régime Mao Tsé-toung et le réformateur Deng Xiaoping, a placé des fidèles aux postes-clés, aidé par une campagne anti-corruption qui a sanctionné plus de 1,3 million de cadres.
S'il n'est pas revenu sur le passage à "l'économie de marché socialiste", son pouvoir s'est accompagné d'un retour de l'idéologie marxiste et d'une répression tous azimuts sur Internet, les avocats des droits de l'Homme, les dissidents ou les croyants. "Cela ne plaît pas à tout le monde en Chine. Il y a des gens qui sont contre l'idée qu'il reste plus de 10 ans", relève Jean-Pierre Cabestan, qui estime que "le retour à la maoïsation suscite la perplexité dans le pays".
En luttant contre la corruption, frappant jusqu'au sommet de l'armée et au sein du bureau politique, Xi Jinping "s'en est pris à des intérêts acquis", observe le sinologue. "Tout ça lui attire beaucoup d'inimitiés. Il a pris des risques qu'il a réussi à braver jusqu'à présent". Signe de l'influence de Xi Jinping, son nom pourrait faire son entrée dans la charte du parti, un honneur réservé jusqu'à présent à Mao et à Deng.
Avec AFP