Les forces d'élite de l'armée irakienne ont pris lundi le contrôle du siège du gouvernorat de Kirkouk, sans rencontrer d'opposition de la part des combattants kurdes. Plus tôt, l'armée irakienne s'était emparée d'un champ pétrolier et de l'aéroport.
Le contre-terrorisme et la police irakienne ont pris lundi 16 octobre le contrôle du siège du gouvernorat de Kirkouk, désert, où seul le drapeau irakien est désormais hissé, a indiqué le général Raëd Jawdat, qui dirige la police fédérale.
Le gouverneur Najm Eddine Karim, limogé par Bagdad il y a un mois pour avoir décidé d'organiser le référendum d'indépendance kurde dans cette province disputée, n'était pas présent lors de l'entrée des forces irakiennes, a indiqué une source au sein de gouvernorat.
itVenu de l'aéroport, un convoi d'une douzaine de véhicules Humvees du Service du contre-terrorisme (CTS), une unité formée par les Américains, est arrivé devant le bâtiment et les soldats irakiens ont pris position dans les alentours avec des éléments de la police locale.
Les quartiers kurdes de cette ville multicommunautaire sont le théâtre d'un exode de milliers de familles, entassées dans des véhicules qui formaient de longues files bloquant les sorties de la ville menant vers la région autonome du Kurdistan irakien. La police a pourtant assuré que la situation était stable et appelé les habitants à revenir.
Les troupes irakiennes ont rempli lundi, sans quasiment combattre, une partie de leurs objectifs dans la riche province de Kirkouk, au cœur d'un contentieux entre Bagdad et Erbil, exacerbé par le référendum kurde. Elles ont annoncé avoir repris l'un des six champs pétroliers de la province, ainsi qu'une base et un aéroport militaires. Les Kurdes s'étaient emparés de plusieurs zones et infrastructures de la province de Kirkouk en 2014, dans le chaos né de la percée fulgurante de l'organisation jihadiste État islamique (EI).
La Turquie voisine, de son côté, s'est dit prête à "coopérer" avec Bagdad pour chasser d'Irak les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé "terroriste" par Ankara. Elle a également annoncé la fermeture de son espace aérien aux vols vers et en provenance du Kurdistan irakien.
Dans son point de presse lundi, le colonel Rob Manning, porte-parole du Pentagone, a confirmé qu'il y avait des soldats américains des deux côtés "dans la région de Kirkouk". Mais il a assuré que la reprise de Kirkouk s'était faite "par des mouvements coordonnés, et non des attaques".
Dissensions internes
À l'exception de tirs d'artillerie dans la nuit, la progression des forces gouvernementales irakiennes a de fait été facilitée par le retrait des peshmerga de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).
Cette offensive a fait éclater au grand jour la crise qui couvait entre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, l'initiateur du référendum d'indépendance, et l'UPK, qui préférait engager des négociations avec Bagdad sous l'égide de l'ONU. Le sud de la province de Kirkouk était jusqu'alors tenu par des peshmergas affiliés à l'UPK, tandis que le PDK contrôlait le nord et l'est.
Conseiller du président Barzani, Hemin Hawrami a dénoncé sur Twitter des "problèmes internes et des accords ambigus" qui ont mené "des commandants à ordonner à leurs peshmergas de quitter leurs positions".
Avec AFP et Reuters