Au lendemain du discours de Carles Puigdemont promettant l'indépendance de la Catalogne, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a demandé, mercredi, à l'exécutif catalan d'éclaircir sa position d'ici cinq jours.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a annoncé, mercredi 11 octobre, avoir donné cinq jours au président régional catalan Carles Puigdemont pour confirmer s'il avait ou non déclaré l'indépendance.
"La réponse du président catalan déterminera les événements à venir dans les prochains jours", a fait savoir Mariano Rajoy, alors que l'Espagne célèbre, jeudi, sa fête nationale durant laquelle les anti-indépendantistes comptent donner de la voix.
Si le président de la Catalogne confirme déclarer l'indépendance de sa région d'ici lundi à 10 h, ou s'il ne répond pas, le gouvernement lui accordera un délai supplémentaire jusqu'au jeudi 19 octobre à 10 h pour faire machine arrière, avant de recourir à l'article 155 permettant de suspendre l'autonomie de la Catalogne, a précisé Mariano Rajoy devant les députés.
"Demandez le dialogue et ils vous répondent en mettant le 155 sur la table..." a alors rétorqué, amer, le président catalan, Carles Puigdemont, sur Twitter.
Demanes diàleg i et responen posant el 155 damunt la taula. Entesos.
Carles Puigdemont (@KRLS) October 11, 2017Ce dernier a symboliquement proclamé l'indépendance de la Catalogne, tout en gelant la mise en œuvre du processus, afin de permettre un dialogue avec Madrid.
"Pas de médiation possible", pour Rajoy
Cependant, le chef du gouvernement espagnol a balayé d’un revers de main toute discussion, fustigeant le "conte de fées" des indépendantistes. "Il n'y a pas de médiation possible entre la loi démocratique et la désobéissance, l'illégalité", a lancé Mariano Rajoy.
Le dirigeant peut compter sur le soutien du Parti socialiste espagnol, qui se rallie à Madrid pour demander une clarification de la situation et un accord sur une réforme de la Constitution. “Nous attendons de Puigdemont qu’il ne déclare pas l’indépendance unilatérale et qu’il revienne à la légalité démocratique”, a notamment déclaré le secrétaire général du parti, Pedro Sanchez.
????️@sanchezcastejon “Esperamos que Puigdemont diga que no hubo una declaración unilateral de independencia y que vuelve a la legalidad democrática” #PedroSánchezEnOndaCero
PSOE (@PSOE) October 11, 2017Podemos, opposants timides à Madrid
Podemos, le parti de la gauche radicale, s’affiche comme la seule opposition face à la ligne directrice de Madrid dans cette crise. Mais les divergences sont grandes au sein même du parti. “Ils sont divisés. La branche catalane de Podemos est très proche des indépendantistes, mais Podemos est un parti assez centralisé. Pablo Iglesias [le secrétaire général de Podemos, NDLR] sait que son électorat est un électorat populaire, que ce soit à Madrid ou en Catalogne et il n’a pas forcément intérêt à l’indépendance”, souligne sur l’antenne de France 24 Christophe Barret, historien, auteur de “Podemos, pour une autre Europe”.
L'Espagne est un pays extrêmement décentralisé et la Constitution adoptée en 1978 confère aux 17 régions, les "Communautés autonomes", des pouvoirs étendus, en matière de santé et d'éducation par exemple. Mariano Rajoy avait déjà suggéré qu'en cas de déclaration d'indépendance, quelle qu'elle soit, immédiate ou différée, le gouvernement pourrait suspendre l'autonomie de la région, une mesure qui n'a pas été appliquée en Catalogne depuis 1934.
L'Union européenne, déjà secouée par le Brexit, suit la crise avec inquiétude. La Commission européenne a répété avec force qu'elle attendait un "plein respect de l'ordre constitutionnel espagnol". La France a également appelé à la discussion dans le "cadre constitutionnel" dans la crise.
Avec AFP et Reuters