Le cinéaste Costa-Gavras s'est ému du retrait de l'extrait de l'une de ses animations diffusé dans le nouveau musée de l'Acropole. L'artiste franco-grec a fustigé une "censure inacceptable" qu'il impute à l'Église orthodoxe.
AFP - Le cinéaste franco-grec Costa-Gavras a protesté samedi contre le retrait d'un extrait d'une petite animation qu'il a réalisée et qui est diffusée dans le nouveau musée de l'Acropole, montrant les premiers chrétiens endommageant des métopes du Parthénon.
Les responsables du ministère de la Culture et du nouveau musée ont décidé de retirer 1mn30 du film de 13 minutes à la suite de plaintes de "certaines personnes ennuyées par la scène", a affirmé le journal Eleftherotypia.
La scène incriminée montre des premiers chrétiens en robe de bure montant sur des échelles sur le Parthénon pour détruire des métopes et enlever des statues.
"Il s'agit d'une censure inacceptable", a déclaré samedi le réalisateur sur la chaîne privée Mega channel, mettant en cause le rôle de la toute puissante église orthodoxe de Grèce, non séparée de l'Etat.
"Je trouve cela très triste et inadmissible pour la Grèce, un pays membre de l'Union européenne, que l'Etat se courbe devant les pressions de responsables de l'Eglise", a souligné Costa-Gavras dans des déclarations publiées samedi dans Eleftherotypia.
"Le film se réfère à des faits prouvés historiquement. Il présente les dommages subis par le monument et causés par l'homme. Les premiers chrétiens ont fait pas mal de dégâts sur les monuments et les sculptures pour différentes raisons, parfois simplement parce que la nudité des oeuvres les scandalisait", a ajouté le cinéaste.
"L'idée du film était de montrer les dommages subis par le monument par la main de l'homme pour arriver à la plus grande catastrophe menée par Elgin."
Diplomate britannique auprès des Ottomans qui dominaient alors la Grèce , Lord Elgin arracha du Parthénon, au début du XIXe siècle, une douzaine de statues, 56 plaques de la frise orientale et 15 métopes.
"L'Eglise refuse toujours la réalité pour sauver son dogme, je croyais que la Grèce était débarrassée de ces petitesses, je regrette beaucoup", a conclu le cinéaste.
De son côté, le principal parti d'opposition PASOK (socialiste) a protesté contre "la politique inadmissible qui n'accepte pas la vérité historique et qui offense une oeuvre artistique".
Le directeur du musée, le professeur Dimitris Pantermalis, a précisé dans un communiqué qu'un groupe de travail du musée avait créé l'animation de 13 minutes et avait emprunté un extrait d'1mn40 d'un documentaire de Costa-Gavras.
"Certains ont vu les personnages animés comme des moines et non comme des personnages d'époque. Pour éviter tout malentendu et étant donné que la période évoquée de dommages du monument est hors de doute, mais que les circonstances sont inconnues, il a été jugé utile de garder, évidemment, la référence à l'événement et de retirer un plan de 12 secondes qui n'a aucun rapport avec la substance des faits, ce qui bien sûr ne constitue en aucune sorte une censure", a ajouté le Pr. Pantermalis.