
Trois membres présumés de l'ETA, dont celui qui est présenté comme le successeur de "Txeroki", ex-chef des commandos armés écroué fin novembre, ont été interpellés lundi soir en France dans les Hautes Pyrénées.
Avec l'arrestation de "Gurbitz", le nouveau chef présumé de l'ETA militaire, lundi soir à Gerde (Hautes-Pyrénées), la police française frappe à nouveau à la tête l'appareil armé de l'organisation séparatiste basque à laquelle elle inflige un second revers en moins d'un mois.
Selon le ministre espagnol de l'Intérieur, "Gurbitz", identifié comme Aitzol Iriondo Yarza, "pourrait être lié" aux meurtres de deux gardes civils espagnols à Capbreton (Landes) en décembre 2007.
Il était "vraisemblablement le successeur comme chef militaire de l'ETA et numéro un" de l'organisation indépendantiste, a déclaré Alfredo Perez Rubalcaba lors d'une conférence de presse au siège de son ministère. "Il pourrait être lié aux assassinats de Capbreton", a ajouté M. Rubalcaba. Deux gardes civils espagnol en mission de renseignement en France avaient été tués par balles à la sortie d'une cafétéria de cette localité des Landes en décembre 2007 par un commando de trois membres de l'ETA, dont deux avaient été interpellés peu après les faits.
Un membre présumé du "Commando Biscaye" (groupe considéré comme très actif) et un autre membre de l'appareil militaire d'ETA ont été arrêtés en même temps que "Gurbitz" lundi.
La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, a d'ailleurs exprimé sa "très vive satisfaction, et celle d'Alfredo Perez Rubalcaba avec lequel elle vient de s'entretenir", selon le communiqué de la Place Beauvau qui annonçait cette dernière opération.
Elle précisait que parmi les trois hommes arrêtés lundi par la sous-direction antiterroriste (SDAT, de la direction centrale de la police judiciaire) et la BRI de la PJ de Bayonne, après un renseignement de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), figurait "le successeur présumé de Txeroki en tant que chef de l'ETA militaire".
"Txeroki" avait été arrêté le 17 novembre à Cauterets (Hautes-Pyrénées) en compagnie de Leire Lopez Zurrutuza, 31 ans, membre présumée de l'ETA, en fuite depuis 2005.
"Txeroki" a été mis en examen par la juge antiterroriste Laurence Le Vert dans le cadre de l'information judiciaire sur l'assassinat des deux gardes civils à Capbreton tandis que sa compagne l'a été pour "association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste".
Tous deux avaient été placés sous mandat de dépôt.
Dans leur appartement, les enquêteurs avaient trouvé des armes de poings, de faux documents administratifs et un ordinateur.
Quant à "Gurbitz" et ses deux compagnons, ils ont été placés sous le régime de la garde à vue et transférés lundi dans les locaux de la police judiciaire à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) vers 21H10, a constaté un photographe de l'AFP.
En revanche, leur arrestation, sur la voie publique, ne devrait pas donner lieu à des perquisitions, a-t-on ajouté de mêmes sources.
Ils ont été trouvés porteurs de plusieurs armes de poings, ainsi que de faux documents administratifs, mais n'ont opposé aucune résistance.
"Gurbitz" était "au courant de tout, et pouvait prendre la relève de +Txeroki+ aussitôt après l'arrestation de ce dernier", a-t-on indiqué à l'AFP lundi soir, de source proche du dossier.
Cette triple arrestation constitue "la suite logique" de celle de "Txeroki" le 17 novembre", a-t-on ajouté de même source. Elle "porte un coup très rude à la partie radicale de l'ETA, c'est un très beau coup", a-t-on poursuivi.
Mme Alliot-Marie a adressé "toutes ses félicitations aux policiers de la DCRI et de la SDAT".
Selon elle, ces arrestations "démontrent une fois encore l'engagement résolu des services de police et de gendarmerie français dans la lutte contre le terrorisme basque".
Cette interpellation intervient quelques jours après l'assassinat d'un entrepreneur mercredi au Pays Basque espagnol dans un "attentat" qui porte, selon des sources antiterroristes espagnoles, la marque de l'ETA.