
Sans attendre l'annonce des résultats, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a annoncé mardi la victoire du "oui". Bagdad exclut de négocier et ordonne à Erbil de lui remettre le contrôle de deux aéroports.
Les Kurdes du nord de l'Irak ont voté "oui" à l'indépendance. Le résultat n’est pas officiel mais le président de la région, Massoud Barzani, l’a annoncé lors d’un discours télévisé, le 26 septembre au soir, au lendemain du référendum d'autodétermination jugé illégal par Bagdad.
"Le peuple du Kurdistan a pris sa décision et il est entré dans une nouvelle phase. Alors ne laissons personne nous reprocher ça", a déclaré Massoud Barzani, avant d’inviter Bagdad à entamer avec lui "un dialogue sérieux", plutôt que "de brandir des menaces et des punitions".
"Il se peut que nous ayons à faire face à des difficultés, mais nous les surmonterons", a-t-il promis, invitant la communauté internationale à "respecter la volonté des millions de personnes" qui se sont prononcées en faveur de l'indépendance. Plus de 3,3 millions de personnes se sont rendues aux urnes, soit 72,16 % des inscrits, selon la commission électorale. Selon la chaîne de télévision kurde Roudaou, le "oui" aurait dépassé les 90 %.
Assurant la communauté internationale que ce référendum ne vise pas à "délimiter la frontière (entre le Kurdistan et l'Irak) ni à l'imposer de facto", le président kurde irakien n'a cependant pas réussi à calmer la colère de Bagdad.
Bagdad lance un ultimatum
Refusant de négocier, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a lancé un ultimatum à Massoud Barzani. Alors qu’il avait déjà demandé dimanche aux pays étrangers de ne plus traiter qu’avec lui pour les transactions pétrolières, il a ordonné mardi à à la région autonome de lui remettre le contrôle de deux aéroports régionaux, à Erbil et Souleimaniyeh. En cas de refus, tous les vols internationaux depuis et vers le Kurdistan seront interdits à partir de vendredi.
Le gouvernement central "imposera son autorité conformément à la Constitution", pour maintenir l'unité de l'Irak, avait martelé un peu plus tôt Haider al-Abadi. Le Parlement de Bagdad a voté lundi une résolution réclamant le déploiement des forces "dans toutes les zones" disputées, mais celle-ci n'a pas encore été concrètement appliquée.
Ces zones comprennent la province multi-ethnique de Kirkouk (nord), riche en pétrole, ainsi que des secteurs des provinces de Ninive (nord), Dyala et Salaheddine (nord de Bagdad). La plupart avaient été conquises par les peshmergas, les combattants kurdes, en 2014, à la faveur du chaos qui a régné après l'offensive du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Risque de 'guerre ethnique'
À l'étranger, ce scrutin est toujours aussi largement critiqué, tout particulièrement par la Turquie, la Syrie et l'Iran, trois pays voisins comptant des minorités kurdes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde mardi contre un risque de "guerre ethnique et confessionnelle" si le Kurdistan irakien menait à terme son projet d'indépendance. Il a particulièrement critiqué l'inclusion dans la zone couverte par ce référendum de la ville Kirkouk, où vivent des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes.
En Syrie, le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a dénoncé un référendum "totalement inacceptable", l'Iran mettant en garde contre "un chaos" régional. Les États-Unis se sont dits "profondément déçus" de la décision de maintenir ce référendum, craignant qu'il "augmente l'instabilité" de la région.
Avec AFP et Reuters