Le président catalan, Carles Puigdemont, a accusé mercredi le gouvernement espagnol d'avoir "suspendu de facto l'autonomie de la Catalogne et appliqué de facto un état d'urgence", en réaction à l'arrestation de 13 hauts responsables de la région.
La tension ne cesse de monter entre Madrid et l'exécutif autonome catalan à l’approche du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre. Carles Puigdemont, le président régional de la Catalogne, a accusé, mercredi 20 septembre, le gouvernement espagnol d'avoir imposé un état d'urgence, après le gel de ses finances et l'arrestation de plusieurs hauts responsables catalans.
Le gouvernement "a suspendu de facto l'autonomie de la Catalogne et appliqué de facto un état d'urgence", a indiqué le président catalan, après ces arrestations. Entouré de membres de son gouvernement, qu'il avait convoqué à une réunion d'urgence au Palau de la Generalitat, il a également accusé le gouvernement de Mariano Rajoy d'être "totalitaire" et de violer les "droits fondamentaux". Carles Puigdemont a appelé les Catalans à défendre ladémocratie face à un "régime répressif et intimidant" en participant en masse au référendum du 1er octobre.
Arrestation du bras droit du vice-président catalan
De son côté, la Garde civile espagnole a confirmé avoir procédé à l'arrestation de treize hauts responsables de l'exécutif de la région, où les indépendantistes catalans ont aussitôt appelé à manifester contre l'opération.
Le gouvernement catalan avait auparavant confirmé l'interpellation du bras droit du vice-président catalan Oriol Junqueras, le secrétaire d'État à l'Économie du gouvernement autonome de Catalogne.
Les motifs des arrestations n'ont cependant pas été annoncés par la Garde civile ni le ministère de l'Intérieur. On ignorait mercredi matin si elles intervenaient uniquement pendant les perquisitions ou seraient suivies de placements en garde à vue pour interrogatoire.
Les opérations de police se sont intensifiées depuis le week-end, avec la multiplication de saisies de matériel électoral, notamment des affiches et de la propagande électorale.
La @guardiacivil se incauta en #Cataluña de otros 1.300.000 carteles y propaganda del #referéndum suspendido por el Tribunal Constitucional pic.twitter.com/0dBT2Sp975
Ministerio Interior (@interiorgob) 17 septembre 2017La semaine dernière, la Catalogne avait appelé le gouvernement espagnol à renouer le dialogue et à mettre fin à son "offensive répressive sans précédent" pour empêcher la tenue du référendum.
La Garde civile a mené mardi matin des perquisitions dans la ville de Gérone, le fief du président séparatiste catalan Carles Puigdemont, dans le cadre d'une enquête sur une attribution présumée frauduleuse d'un contrat de fourniture d'eau potable, a-t-elle annoncé.
Intensifications des opérations de police
Des maires catalans, qui avaient annoncé vouloir participer à l'organisation de la consultation, ont été interrogés par des magistrats du parquet sans être inculpés, selon l'Association des municipalités pour l'Indépendance (AMI). Une cinquantaine de maires aurait pour l'instant reçu des convocations similaires, selon l'AMI, alors que plus des deux tiers des 948 maires se sont engagés à ouvrir leurs locaux municipaux pour le vote du 1er octobre.
La Garde civile s'est en outre félicitée d'avoir déjà saisi 45 000 convocations destinées aux futurs assesseurs des bureaux de vote. Ces saisies sont intervenues mardi dans plusieurs locaux de l'entreprise de courrier privé Unipost, précise la Garde civile. À Terrassa, à 28 km au nord-ouest de Barcelone, des militants indépendantistes s'étaient postés devant les bureaux de cette entreprise tentant de bloquer l'accès au représentant de la justice qui venait délivrer un ordre de perquisition. Ils ont finalement été délogés par la police.
La société catalane est très partagée sur la question de l'indépendance, selon les sondages. Plus de 70 % des Catalans souhaitent toutefois pouvoir s'exprimer à travers un référendum en bonne et due forme, selon tous les sondages. Aux élections régionales en 2015, les indépendantistes avaient obtenu 47,6 % des suffrages et le camp soutenant le maintien en Espagne 51,28 %.
Avec AFP et Reuters