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Bagdad limoge un gouverneur en faveur de l'indépendance du Kurdistan

Le Parlement de Bagdad a voté jeudi la destitution du gouverneur de Kirkouk, fervent partisan de l'indépendance kurde, à 11 jours du référendum d'autodétermination du Kurdistan irakien.

Bagdad a choisi de croiser le fer avec Erbil en limogeant, jeudi 14 septembre, le gouverneur d'une province disputée ayant pris parti pour le référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien, prévu le 25 septembre.

Le Parlement fédéral a voté le limogeage du gouverneur kurde de la province de Kirkouk, Najm Eddine Karim, à l'unanimité des 173 députés présents et à l'appel du Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi.

Après ce vote à Bagdad, auquel les députés kurdes ont refusé de participer, le gouverneur limogé a affirmé qu'il avait avec lui "les citoyens qui ont voté". "C'est le Conseil provincial qui m'a donné sa confiance et lui seul peut me limoger, pas le Premier ministre ou le Parlement irakien", a ajouté Najm Eddine Karim.

Fin août, ce Conseil provincial avait voté pour organiser le référendum d'indépendance sur son territoire, contre l'avis de Bagdad, auquel la province est rattachée. Ses membres arabes et turkmènes avaient appelé au boycott de ce vote.

L'objectif est d'être "voisins avec Bagdad"

Mardi à Bagdad, le Parlement fédéral s'était prononcé contre cette consultation prévue le 25 septembre et qui a déjà provoqué des remous dans l'ensemble de la région, les pays voisins comme l'Iran et la Turquie redoutant que les velléités séparatistes d'Erbil ne fassent tache d'huile au sein de leur propre minorité kurde.

Les responsables kurdes affirment toutefois qu'une victoire du "oui" au référendum n'entraînera pas aussitôt l'annonce de l'indépendance mais leur permettra de lancer, en position de force, de nouvelles négociations avec Bagdad.

L'envoyé américain auprès de la coalition antijihadiste en Irak, Brett McGurk, a indiqué jeudi lors d'une conférence de presse avoir "remis (au président du Kurdistan irakien Massoud) Barzani le projet qu'il souhaite comme alternative au référendum".

Ce dernier a affirmé qu'il y répondrait "rapidement", selon un communiqué de son bureau. "Mais s'ils demandent un report (du référendum) sans (proposer une) alternative forte, il n'y aura pas de report", a prévenu Massoud Barzani. L'objectif désormais, a-t-il dit, est d'être "voisins avec Bagdad".

Pour Ankara, la tenue du référendum "aura un prix"

Dans le Kurdistan irakien, région bénéficiant depuis 1991 d'une autonomie qui s'est élargie au fil des ans, le Parlement local, bien qu'il n'ait pas siégé depuis plus de deux ans, tiendra vendredi une session pour donner "un cadre légal" à ce référendum, selon son porte-parole Tariq Jawhar.

Les voisins de l'Irak, Téhéran et Ankara en tête, appellent toujours à annuler cette consultation. Jeudi, la Turquie a averti que la tenue du référendum "aura un prix", une opposition susceptible de compromettre la viabilité d'un éventuel État kurde car le Kurdistan irakien tire l'essentiel de ses recettes de l'exportation de pétrole via un pipeline arrivant au port turc de Ceyhan.

Washington et de nombreux pays occidentaux appellent aussi à repousser ou annuler le référendum, estimant qu'il entravera la lutte contre l'EI, qui tient encore deux bastions en Irak.

Quant aux 5,5 millions de Kurdes irakiens appelés à se prononcer sur l'indépendance, ils sont eux-mêmes divisés sur la question du calendrier du vote.

Avec AFP