Les opposants à la réforme du Code du travail défilent, mardi à Paris et dans plusieurs grandes villes de France, à l’appel de la CGT. Un vrai test pour le président, mais aussi pour ses détracteurs.
La réforme du Code du travail lancée par Emmanuel Macron suscitera-t-elle les mêmes oppositions dans la rue que la loi Travail de François Hollande en 2016 ? Alors que les ordonnances voulues par le président de la République seront validées en Conseil des ministres le 22 septembre, et publiées au Journal officiel la semaine suivante, l’opposition emmenée par la CGT et suivie de près par La France insoumise descend pour la première fois dans la rue, mardi 12 septembre.
Un an après la toute dernière manifestation contre la loi El Khomri, c’est donc le premier vrai test pour Emmanuel Macron, dont la cote de popularité a brutalement chuté durant l’été. Le climat s'est même tendu vendredi après son discours à Athènes, où il a averti qu'il serait "d'une détermination absolue" et ne "cèderai[t] rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes".
"Scandaleux", "d'un mépris incroyable" : ce mot de "fainéants" a fait bondir les opposants politiques du chef de l’État, de Jean-Luc Mélenchon ("Macron n'aime pas les Français") à Marine Le Pen ("les déclarations d'amour de Macron aux Français se multiplient"), en passant par Benoît Hamon.
"De qui parle le président, lorsqu'il dit qu'il ne cèdera rien aux fainéants ? De ces millions de privés d'emplois et de précaires ?", s'est indigné aussi le numéro un de la CGT Philippe Martinez, fustigeant une déclaration "scandaleuse".
Signe d'un climat social refroidi, le Premier ministre Édouard Philippe a été accueilli samedi à Pau par les huées d'une centaine de personnes, dont la plupart protestaient contre la diminution des emplois aidés. Même chose pour Emmanuel Macron, venu présenter sa politique du logement, lundi, à Toulouse, où plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant le monument aux morts en criant "non à la baisse des APL" ou "non aux ordonnances".
Macron présent à Saint-Martin au moment de la manifestation
Dans ce contexte, l’ampleur de la mobilisation sociale sera particulièrement surveillée. Après avoir participé durant l’été aux concertations sur les ordonnances réformant le Code du travail, la CGC, la CFDT, la CFTC et FO n’ont pas appelé à manifester, contrairement à la CGT, Solidaires et la FSU. Plusieurs fédérations et unions départementales de FO ont toutefois décidé de s’opposer à leur direction nationale pour rejoindre le mouvement. Au total, plus de 180 manifestations et 4 000 appels à la grève ont été recensés en France par la CGT.
"Une grogne monte, juge Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, interrogé par l’AFP. Les enquêtes de popularité installent l'idée d'un président de l'injustice sociale. Avec la déclaration sur les 'fainéants', tous les ingrédients sont réunis pour que ça chauffe."
Emmanuel Macron, lui, sera loin de l’agitation puisqu’il se trouvera au même instant sur l’île de Saint-Martin, ravagée par le passage de l’ouragan Irma.
Côté politique, le fait que l’opposition ne repose réellement jusqu’à présent que sur Jean-Luc Mélenchon, et que la réforme ait été clairement annoncée durant la campagne, comme le président aime le souligner, sont des éléments qui pourraient empêcher une mobilisation massive.
Or, ce premier rendez-vous social est tout aussi important pour la CGT et la France Insoumise. Philippe Martinez a d’ores et déjà appelé à une nouvelle journée de grève le 21 septembre, tandis que Jean-Luc Mélenchon a appelé "le peuple" à "déferler" le 23 septembre contre ce qu’il appelle un "coup d’État social". La journée de mardi sera donc un test grandeur nature pour tout le monde.