
Selon un sondage effectué à la sortie des urnes, le président sortant Kourmanbek Bakiev remporterait l'élection présidentielle avec 67 % des voix. Almazbek Atambaïev, principal candidat d'opposition, obtiendrait, lui, 12 % des suffrages.
AFP - La victoire du président kirghiz sortant Kourmanbek Bakiev semblait quasi-assurée à l'issue de l'élection présidentielle de jeudi, alors que la capitale Bichkek semblait calme en dépit des vives contestations exprimées par l'opposition.
Selon la télévision publique kirghize, qui s'appuie sur un sondage de sortie des urnes, M. Bakiev aurait écrasé son principal rival Almazbek Atambaïev avec environ 67% des voix contre 12%.
Les bureaux de vote avaient fermé à 20H00 locales (14H00 GMT) dans ce petit pays pauvre et montagneux d'Asie centrale. Selon la commission électorale centrale, la participation a été très élevée, avec 78,92% des électeurs inscrits, soit bien au-delà du seuil de 50% requis pour la validation du scrutin.
Mais l'opposition a fait savoir qu'elle n'entendait pas accepter ces résultats, qu'elle juge truqués.
"L'opposition a gagné aux élections, mais la commission électorale a l'intention de donner la victoire à un autre candidat en falsifiant les résultats", s'est emporté l'opposant Almazbek Atambaïev devant ses partisans.
Quelques heures avant la clôture des bureaux, il avait déjà fait état de "violations massives et sans précédent".
"Demain nous n'aurons pas de président, de président légitime. Et nous ne reconnaîtrons pas ce président", a déclaré M. Atambaïev à l'AFP.
"Sans manifestation, il pourrait être impossible de résoudre cette situation", a-t-il ajouté.
Mais les quelque 2.000 partisans de l'opposition qui s'étaient rassemblés pour un concert après le vote au siège de campagne de l'un des candidats à l'extérieur de Bichkek, criant "A bas Bakiev" et dansant au son de musiques traditionnelles kirghizes se sont dispersés peu après dans le calme.
De jeunes Kirghiz avaient auparavant déclaré à l'AFP qu'ils avaient l'intention de défiler au centre de la capitale. Mais la situation semblait calme en fin de soirée dans la ville.
"Les opposants ont l'intention d'ici 2-3 jours de collecter des copies des protocoles (électoraux), de les étudier et ensuite de commencer une action", a déclaré M. Atambaïev lors du meeting.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui a déployé près de 300 observateurs, doit pour sa part rendre ses conclusions jeudi sur le déroulement du scrutin.
Signe des tensions autour de cette élection, M. Bakiev avait sévèrement mis en garde l'opposition jeudi, affirmant que l'organisation de manifestations "illégales" ne serait pas tolérée.
"Nous allons réprimer, conformément à la législation, toute tentative d'organiser des troubles, et nous ne tolérerons pas de déstabilisation de la situation dans le pays", a indiqué le service de presse de la présidence.
A Balyktchi, dans le centre du pays, l'opposition a affirmé que la police avait dispersé plus de 1.000 de ses sympathisants dans la rue en tirant des coups de feu en l'air.
Porté au pouvoir en 2005 par des manifestations à l'issue d'élections entachées de fraudes, le président kirghiz, accusé d'avoir renoué depuis avec les vieux démons du passé, dont une corruption endémique, était omniprésent dans la campagne électorale.
Les chefs de l'opposition l'ont accusé d'user de la violence et d'intimider ses opposants politiques ainsi que les rares médias indépendants du pays.
M. Bakiev est aussi un allié pour les Etats-Unis, le Kirghizstan ayant décidé fin juin de maintenir sur son territoire une base militaire américaine vitale pour les opérations de la coalition internationale en Afghanistan, après avoir menacé de la fermer.