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Sur le chemin du retour, avec les réfugiés de la vallée de Swat

Alors que la vallée de Swat est interdite aux journalistes, Anne-Isabelle Tollet, la correspondante de FRANCE 24 au Pakistan, a réussi à se rendre à Mingora, le chef-lieu de la région. Reportage avec des déplacés de retour chez eux.

Plus de deux millions de personnes ont fui la vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, lors de l’offensive de l’armée contre les Taliban lancée à la fin avril. Le gouvernement, se félicitant d’avoir vaincu les Taliban, a annoncé il y a 10 jours que les déplacés pouvaient rentrer chez eux en toute sécurité. Selon l’ONU, 400 000 personnes sont déjà retournées dans leur ville ou village d’origine.

Notre correspondante au Pakistan, Anne-Isabelle Tollet, revêtue d’un niqab pour pouvoir filmer le plus discrètement possible, a bravé l’interdiction faite aux médias internationaux de se rendre dans la vallée de Swat. Sur la route qui mène à Mingora, un véritable embouteillage se crée. Après 3 mois d’exil, les déplacés entament un lent retour chez eux. "Je suis heureux de rentrer, explique l’un d’eux. Mais je ne crois pas en la défaite des Taliban. Je les connais : ils ne vont pas en rester là."

"Ceux qui étaient liés aux Taliban ont été punis"

Après 8 heures de route, voilà Mingora, le chef-lieu de la vallée de Swat. Le retour tant espéré s’annonce douloureux. Nombre de réfugiés se retrouvent sans maison et sans emploi. "J’étais traiteur, et là tout est détruit, j’ai tout perdu, confie un homme. Et le gouvernement ne me donne pas d’argent pour recommencer." Mingora a retrouvé près de 10 % de ses habitants. Mais ceux-ci vivent sans gaz ni électricité.  

C’est bien une guerre qui s’est déroulée ici : les façades des bâtiments ne mentent pas. Devant un café complètement détruit, un habitant raconte : "C’est un hélicoptère du gouvernement qui a bombardé ce café. Le fils du propriétaire travaillait pour les Taliban. Ceux qui étaient liés aux Taliban ont été punis."

Mingora est toujours soumise au couvre-feu. Et contrairement à ce que les cris de victoire du gouvernement peuvent laisser penser, des combats ont encore lieu la nuit dans la périphérie de la ville. Selon les militaires présents sur place, les Taliban n’ont pas encore complètement déserté la zone.