Le président américain Donald Trump a gracié vendredi soir Joe Arpaio, autoproclamé le "shérif le plus dur d'Amérique". L’homme de 85 ans avait été condamné pour ses pratiques discriminatoires envers les immigrés depuis les années 1990.
Tout juste puni, déjà pardonné. Condamné il y a moins d’un mois pour ne pas avoir respecté l’injonction d’un juge fédéral lui interdisant depuis 2011 ses patrouilles anti-immigrants, l’ancien shérif, Joe Arpaio, a été gracié le 25 août 2017.
“La vie et la carrière de M. Arpaio, qui a commencé à 18 ans quand il s’est engagé dans l’armée au début de la guerre de Corée, incarne le service public désintéressé”, écrit la Maison Blanche dans un communiqué. "Le shérif Joe Arpaio a maintenant 85 ans, et après plus de 50 ans d’admirable service pour notre pays, il mérite un pardon présidentiel."
La sentence du shérif devait être annoncée le 5 octobre. Il encourrait une amende et une peine de prison de six mois. "Je remercie le président pour ce qu’il a fait, c’est évident", a déclaré l’octogénaire à l'agence Reuters. “[Donald Trump] est un grand défenseur du respect des lois”, a-t-il ajouté. L’ex-shérif doit donner une conférence de presse prochainement notamment pour parler de ses projets d’avenir et s’il souhaite se représenter. “Je ne m’en vais pas”, a-t-il, pour l’heure, simplement déclaré.
I am humbled and incredibly grateful to President Trump. I look fwd to putting this chapter behind me and helping to #MAGA
Joe Arpaio (@RealSheriffJoe) 26 août 2017Donald Trump a gracié “un terroriste”
La grande association américaine de défense des libertés, ACLU, estime que ce pardon équivaut à "une validation présidentielle du racisme". Et d’ajouter : "le président a envoyé un dangereux message. Il a choisi l’illégalité plutôt que la loi, la division plutôt que l’unité et la douleur plutôt que la guérison".
Alejandra Gomez, co-directrice de l’organisme Living United for Change in Arizona (LUCHA) a employé des mots encore plus forts, affirmant que Donald Trump venait de gracier “un terroriste". "Joe Arpaio a terrorisé intentionnellement les communautés de migrants à travers l’Arizona pendant des décennies et traumatisé une génération entière. Sa place est en prison."
Joe Arpaio a officié comme shérif du comté de Maricopa en Arizona pendant 24 ans avant d’être battu par un démocrate aux élections de novembre 2016. En plus de ses patrouilles discriminatoires entre 1996 et 2016, des mesures de profilage racial lui sont aussi imputées. Ses équipes avaient notamment l'habitude d'arrêter des automobilistes d'origine hispanique sur de simples soupçons qu'ils se trouvaient en situation illégale.
Donald Trump, pour qui Joe Arpaio avait appelé à voter en 2016, avait laissé entendre mardi dernier lors d'une réunion de ses partisans à Phoenix dans l'Arizona, qu'il s'apprêtait à gracier Joe Arpaio, qu'il a souvent montré en exemple pour ses positions dures en matière d'immigration. “Je ne vais pas le faire ce soir parce que je ne veux pas créer de controverse [mais] le shérif peut être tranquille”, avait alors déclaré le président sous des applaudissements nourris.
Avec Reuters