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Détention de Loup Bureau : "Il ne s'est rien passé" depuis l'appel de Macron à Erdogan

Un rassemblement de soutien en faveur de Loup Bureau, détenu depuis un mois en Turquie, s’est tenu jeudi à Paris. Portés par l’espoir d’une libération imminente, les soutiens du journaliste français veulent maintenir la pression sur Paris et Ankara.

"Rien, il ne s’est rien passé depuis la prise de contact d’Emmanuel Macron avec Recep Tayyip Erdogan", déplore Loïc Bureau, le père du journaliste français détenu depuis un mois en Turquie pour des soupçons d’appartenance à une organisation terroriste. "Ni sur le plan judiciaire, ni sur ses conditions d’incarcération, absolument", insiste-t-il désespéré, s'adressant aux journalistes venus au rassemblement organisé pour son fils, jeudi 24 août, sur le parvis de la mairie du 4e arrondissement de Paris.

Le 15 août dernier, le père du jeune homme avait pourtant perçu une lueur d’espoir après qu’Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec son homologue turc. Mais depuis, plus aucune nouvelle des autorités françaises. Contre l’immobilisme apparent, le comité de soutien du Français a donc décidé d’organiser un rassemblement pour que le reporter de 27 ans ne tombe pas dans l’oubli. "Cette mobilisation citoyenne est primordiale pour exercer une pression sur les autorités turques mais aussi sur les autorités françaises pour qu’elles contraignent Ankara", explique Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) à France 24. Sa détention n’a que trop duré, nous devons la faire cesser au plus vite."

"Ne soyons pas dupe, il s'agit d'un emprisonnement politique, il faut donc reagir de maniere politique", maire du 4e Paris, #Loup #bureau pic.twitter.com/l6PvRBjnKU

  Aude Mazoué (@audemazoue) 24 août 2017

"Un moral au plus bas"

L’organisation de ce rassemblement n'est pas le signe de l’impuissance des autorités françaises. "La mobilisation populaire est importante car elle donne du poids aux responsables français", défend auprès de France 24 Martin Pradel, l’avocat français de Loup Bureau. "Emmanuel Macron va pouvoir gérer ce dossier en sachant que les Français sont derrière lui, cela donne un poids considérable dans les négociations".

Car la situation est délicate à en croire le responsable de RSF. "Le cas de Loup est bien plus grave qu’il ne l’était pour Mathias Depardon, le photographe détenu en rétention administrative, en Turquie, en juin dernier. Sur le fond, il est accusé de terrorisme, ce n’est pas rien. Et sur la forme, il s’agit d’une procédure judiciaire, et non d’une rétention administrative : on ne peut donc pas demander à Erdogan de claquer des doigts et ordonner une procédure administrative. Il faudra un habillage judiciaire d’une certaine manière et cela prendra plus de temps".

"Ce qui me rassure, c'est de savoir que Loup ait reussi à nouer des contacts en arabe avec ses geôliers" Loïc Bureau #freeloupbureau pic.twitter.com/VCydBgP3Of

  Aude Mazoué (@audemazoue) 24 août 2017

D’ailleurs, le temps presse pour le jeune journaliste détenu dans une cellule de Sirnak, dans le sud-est de la Turquie. Plus les jours passent et plus la situation devient pesante pour le moral du Français privé de toute distraction. "La dernière fois que je l’ai eu au téléphone, il y a deux semaines, j’ai eu l’impression que son moral était au plus bas", confie Loïc Bureau à France 24. Difficile de se faire un véritable avis lorsque l’on est autorisé à s’entretenir deux minutes trente avec son enfant toutes les deux semaines. "Heureusement, Loup est une personne très sociable et il a récemment réussi à nouer des contacts en arabe avec ses geôliers, cela lui permet de contourner un peu l’isolement dans lequel il se trouve".

Un nouveau contact entre Paris et Ankara

Autre (menu) motif de réjouissance, le transfèrement de Loup Bureau, un temps envisagé par les autorités carcérales turques, est actuellement suspendu. "Il reste toutefois toujours possible", modère Martin Pradel, l’avocat français de Loup Bureau. Une telle décision porterait un grave préjudice à la défense du journaliste car l’éloignement géographique que suppose le transfert vers une autre prison, dans une ville située à l’extrême ouest du pays, priverait Loup Bureau de visite quotidienne avec son avocat turc. Or des visites régulières sont nécessaires pour mettre en place la défense du prévenu.

Pour les autres bonnes nouvelles, il faudra attendre. "Il y a malheureusement des signes qui nous laissent penser que sa détention va durer un peu car les services judiciaires turcs ne sont pas disponibles en ce moment, il y a actuellement un ralentissement de la justice", constate le directeur de RSF.

Le président de la République française doit à nouveau s’entretenir avec le président Erdogan d’ici la fin de semaine. "Nous sommes jeudi, nous espérons qu’il y aura une prise de contact avant dimanche soir", indique Loïc Bureau, qui craint que plus les jours passent, plus l'effervescence de la rentrée n'occulte la cause de son fils.

Pétition signée ? N'oubliez pas aussi de rejoindre le comité de soutien à @loupbureau : https://t.co/MAEw92wK3P #FreeLoupTurkey pic.twitter.com/I6UWDy3TBc

  Justine Briot (@Bakpok) 7 août 2017