
Depuis le Brésil, l'ex-procureure générale et actuelle opposante au pouvoir vénézuélien, Luisa Ortega, a accusé le président Nicolas Maduro de corruption et affirme craindre pour sa vie.
En fuite au Brésil, Luisa Ortega, l'ex-procureure générale du Venezuela, affirme détenir "beaucoup de preuves" de la corruption du président vénézuélien, Nicolas Maduro, et dit craindre pour sa vie.
Arrivée mardi 22 août en provenance de Colombie, où elle a obtenu la protection des autorités, Luisa Ortega a profité, mercredi, de la tribune offerte à Brasilia par une réunion des procureurs des pays du Mercosur – le marché commun sud-américain – pour fustiger le pouvoir de son pays.

"Ce qui se passe au Venezuela, c'est la mort du droit. La stabilité de la région est en danger, a-t-elle affirmé. Le Venezuela traverse une grave crise qui empêche [la population] d'avoir accès à l'alimentation, à la santé et aux médicaments de base".
"Persécution politique"
Chaviste entrée en dissidence, relevée de ses fonctions par le pouvoir socialiste, l'ex-procureure a fui vendredi le Venezuela, où elle se considère victime d'une "persécution politique". "J'ai reçu des menaces sur ma vie et je [tiendrais] le gouvernement vénézuélien responsable si quelque chose devait arriver", a-t-elle déclaré.
Luisa Ortega a affirmé détenir "beaucoup de preuves, concrètement dans l'affaire Odebrecht, qui mettent en cause de nombreux hauts responsables vénézuéliens, à commencer par le président de la République" Nicolas Maduro. Le groupe brésilien de BTP Odebrecht, l'un des plus grands groupes de construction d'Amérique latine, est au cœur d'un scandale de corruption qui a secoué tout le continent, avec la constitution d'un cartel ayant truqué des marchés de sous-traitance de la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras, distribuant des pots-de-vin à des hommes politiques.
L'opposante a ajouté qu'elle livrerait les informations dont elle dispose "aux autorités de différents pays, États-Unis, Colombie, Espagne [...] mais aussi Brésil [...] pour qu'ils mènent leurs propres enquêtes". À Caracas, le successeur de Luisa Ortega, Tarek William Saab, a balayé ses accusations lors d'une conférence de presse.
Élu en 2013, le président Nicolas Maduro est confronté depuis cinq mois à une vague de manifestations pour exiger son départ, qui ont fait 125 morts sur fond de naufrage économique.
Avec AFP