L'incertitude régnait vendredi soir sur le sort du principal suspect de l’attaque de Barcelone. Pour la police catalane, la cellule de 8 à 12 personnes derrière les deux attaques projetait un attentat "de plus grande envergure".
Au lendemain des attentats en Catalogne - dont celui à la camionnette-bélier à Barcelone a été revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI) - la police estime que les auteurs des deux attaques formaient un "groupe" et préparaient une "attaque de plus grande envergure".
- Le sort incertain du chauffeur de la camionnette
Jeudi, le chauffeur qui a fauché la foule sur la Rambla, la grande artère emblématique de Barcelone, a abandonné la camionnette et s'est enfui à pied. Quelques heures plus tard, la police abattait cinq suspects qui avaient foncé sur des policiers et des piétons à Cambrils, à 120 km au sud de Barcelone.
Deux journaux espagnols, ainsi que la BBC, affirmaient vendredi que le conducteur de la camionnette est l'un des cinq hommes abattus par la police Cambrils. La police a confirmé que c'était une hypothèse mais n'était pas en mesure de la confirmer officiellement à ce stade.
- Quatre arrestations, une cellule d'une dizaine de personnes en cause
La police a arrêté quatre personnes âgées de 21 à 34 ans, en lien avec les deux attaques de Catalogne : trois Marocains et un Espagnol de Melilla, enclave espagnole au Maroc, a indiqué le chef de la police catalane, Josep Lluis Trapero. Aucune de ces personnes n'a de passé lié à des affaires de terrorisme, a-t-il ajouté.
Selon plusieurs médias espagnols citant une source judiciaire et relayant un document interne à l'enquête, les autorités ont en outre émis des mandats d'arrêt concernant quatre personnes : il s'agirait de personnes d'origine marocaine et sont âgées de 17 à 24 ans. Par ailleurs, la police espagnole aurait transmisaux autorités françaises, selon Le Parisien, le signalement d'un utilitaire blanc de location dans le cadre de l'enquête. Le véhicule pourrait avoir passé la frontière franco-espagnole. Mais, contacté par Reuters, le ministère de l'Intérieur n'a pas confirmé cette information, indiquant que cela restait, à ce stade, de l'ordre de la rumeur.
Selon Josep Lluis Trapero, les attaques de Barcelone et de Cambrils étaient en préparation depuis un certain temps à partir d'Alcanar, une localité au sud-ouest de Barcelone. Une explosion – qui a fait un mort – a eu lieu peu avant minuit mercredi dans une maison de la ville, maison dans laquelle les attentats ont été préparés, selon le chef de la police catalane.
Des enquêteurs espagnols estiment qu'une cellule de huit personnes, peut-être 12, pourrait être impliquée dans les attaques de Barcelone et de Cambrils. Elles auraient prévu à l'origine un attentat avec des bonbonnes de gaz.
- L'Espagne, lieu de transit des aspirants jihadistes
Depuis le début de la guerre en Syrie il y a six ans, l’Espagne avait cependant été relativement épargnée par le phénomène de terrorisme islamiste. Le pays apparaissait dans les enquêtes des parquets anti-terroristes européens essentiellement comme lieu de transit des aspirants terroristes. Ainsi, le ressortissant marocain Ayoub El Khazzani, l’auteur de la tentative d’attentat du 21 août 2015 dans un train Thalys reliant Bruxelles à Paris, avait longtemps vécu en Espagne et disposait d’une carte de séjour.
Selon le gouvernement espagnol, jusqu’à ces attaques, la police avait arrêté 11 jihadistes présumés dans la région de Barcelone depuis le début de l'année, plus que nulle part ailleurs en Espagne.
Interrogé sur Europe 1 vendredi matin, l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic a affirmé qu’il y avait “des liens importants entre des djihadistes à Barcelone et les réseaux belges" car la Belgique, dit-il, possède “une structure terroriste qui est marocaine elle aussi, c’est historique, il y a des liens au moins depuis les années 1990.”
Les autorités françaises n'ont pour l'instant pas décelé de "ramifications" en France des attentats qui ont frappé Barcelone et Cambrils, a annoncé, pour sa part, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Avec AFP et Reuters