La nouvelle Assemblée constituante du Venezuela, dotée de pouvoirs illimités, a démis samedi de ses fonctions la procureure générale Luisa Ortega, devenue l'une des principales opposantes au président Nicolas Maduro.
L'Assemblée constituante désignée la semaine dernière au Venezuela a approuvé samedi 5 août le limogeage de la procureure générale, Luisa Ortega.
Quelques heures auparavant, des forces de sécurité avaient pris position autour du bureau de la magistrate, l'une des principales opposantes au président Nicolas Maduro.
Vendredi, le parquet général qu'elle dirigeait encore a demandé à la justice d'annuler l'inauguration de l'Assemblée constituante, en raison de soupçons de manipulation du vote par les autorités. Les opposants redoutent que cette nouvelle assemblée, que plusieurs pays dont les États-Unis ont refusé de reconnaître, octroie les pleins pouvoirs au chef de l'État.
Proche de l'ancien président Hugo Chavez, Luisa Ortega a pris ses distances avec le régime de Nicolas Maduro. Elle s'est notamment publiquement élevée contre la création de l'Assemblée constituante. Elle sera remplacée provisoirement par le "défenseur du peuple" (ombudsman) Tarek William Saab, a annoncé l'Assemblée, qui a également décidé qu'elle siègerait pour une durée maximale de deux ans.
Les pouvoirs de la nouvelle instance législative sont pratiquement illimités et le limogeage de la procureure générale est vue par les opposants comme une confirmation des ambitions dictatoriales de Nicolas Maduro. Plusieurs pays dont les États-Unis ont refusé de reconnaître le corps législatif.
Suspension du Mercosur
Les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de l'Argentine, de l'Uruguay et du Paraguay ont par ailleurs décidé samedi de suspendre politiquement le Venezuela du Mercosur, "pour rupture de l'ordre démocratique", a indiqué le marché commun sud-américain dans un communiqué. "La suspension a été appliquée en raison des actes du gouvernement de Nicolas Maduro, et constitue un appel à un début immédiat d'un processus de transition politique et de restauration de l'ordre démocratique", explique le communiqué envoyé par les pays fondateurs du Mercosur à l'issue d'une réunion à Sao Paulo, au Brésil.
Le Venezuela est déjà mis à l'écart du marché commun sud-américain depuis décembre, pour des raisons commerciales. Mais l'invocation de la clause démocratique vise à obtenir une plus grande répercussion politique. Intitulée "protocole d'Ushuaïa", elle n'avait été utilisée qu'une seule fois auparavant, en 2012, pour sanctionner le Paraguay après la destitution du président Fernando Lugo. Dans la pratique, cette suspension n'implique pas une exclusion du Mercosur, mais son impact est largement supérieur aux autres sanctions prises auparavant.
Les pays fondateurs ont conditionné la levée de cette suspension à "la libération des prisonniers politiques, la restauration des compétences de pouvoir législatif, la reprise du calendrier électoral et l'annulation de l'Assemblée constituante".
Avec Reuters et AFP