L'Italie connaît l'une des sécheresses les plus importantes depuis deux siècles. La situation est critique. Rome envisage de rationner l'eau potable à partir de samedi avec des coupures pouvant aller jusqu'à huit heures par jour.
L'Italie est à sec, victime d'un déficit en pluie de 33% par rapport à la moyenne sur les six premiers mois de l'année, rapportent les services nationaux de météorologie. Dans cet été particulièrement sec et après le printemps le plus doux depuis 60 ans, il manque 20 milliards de mètres cubes d'eau au pays, soit l'équivalent du lac de Côme. Il s'agit d'une période de sécheresse inédite depuis 200 ans, affirme le journal italien La Repubblica.
La situation du fleuve Pô, le plus long d'Italie, dont dépend 35% de la production agricole nationale, est jugé particulièrement préoccupante avec un niveau inférieur de 50 centimètres par rapport à l'an passé à la même période, selon la Coldiretti, le plus important syndicat agricole du pays.
La production de céréales est ainsi en baisse de 30% en Lombardie, les vignes ont souffert dans Nord-Est, tout comme les champs d'oliviers dans les Pouilles et en Calabre, ou encore les tomates et les fruits en Emilie-Romagne.
Mais l'agriculture n'est pas la seule à être touchée. Les grandes villes le sont aussi, à commencer par Rome qui envisage de rationner l'eau potable à partir de samedi 28 juillet. Environ 1,5 million de Romains sur les près de trois que compte la métropole sont concernés par des interruptions qui pourraient aller jusqu'à huit heures par jour.
"Un risque de catastrophe écologique"
Le président de la région du Latium, Nicola Zingaretti, a lancé l'alerte en fin de semaine dernière en raison du niveau excessivement bas du lac de Bracciano, situé à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, et qui contribue pour 8% de son alimentation en eau. Qualifiant la situation de "grave" et considérant qu'il y a avait "un risque de catastrophe écologique", l'élu a ordonné l'arrêt de la captation d'eau dans le lac.
Une décision aussitôt contestée par le gestionnaire de l'eau potable de la métropole romaine, l'Acea, qui la considère comme "un acte illégitime, anormal et inutile par rapport à l'objectif de préservation du lac", selon son patron Paolo Saccani.
"Il n'y a pas d'alternative. Soit l'ordonnance est retirée et nous continuons à prélever l'eau de Bracciano, soit nous serons contraints à procéder à des coupures par rotations (par quartiers) ou à des baisses de pression", a-t-il indiqué.
L'ensemble des parties devait se réunir mardi au Capitole, à l'initiative de la maire Virginia Raggi, afin de trouver une solution permettant d'éviter ces coupures d'eau.
Le ministre de l'Environnement, Gian Luca Galletti, se veut toutefois rassurant. "Ne créons pas d'alarmisme, nous avons jusqu'ici évité les situations d'urgence grâce à notre action de surveillance et nous verrons en fonction de l'évolution des conditions atmosphériques dans les prochains jours", a-t-il déclaré dimanche.