L'avocat chargé par l'Église catholique allemande de faire la lumière sur l'affaire de sévices au sein du chœur de Ratisbonne a présenté, mardi, son rapport d'enquête. Plus de 500 victimes y sont recensées.
C'est l'un des pires scandales impliquant l'Église catholique en Allemagne. Au moins 547 enfants du chœur catholique allemand de Ratisbonne ont été victimes de sévices, dont des viols, entre 1945 et le début des années 1990, selon un rapport d'enquête publié mardi 18 juillet.
De ces 547 garçons et jeunes adolescents du chœur des "Regensburger Domspatzen" ("Les moineaux de la cathédrale de Ratisbonne"), quelque 500 ont subi des maltraitances physiques et 67 ont aussi été victimes d'agressions sexuelles, a déclaré Ulrich Weber, l'avocat chargé par l'Église catholique de faire la lumière sur cette affaire.
Les sévices allaient de la privation de nourriture au viol en passant par des coups et d'autres agressions sexuelles, commis par des membres du clergé et des éducateurs. La plupart des cas sont toutefois prescrits et les 49 auteurs présumés des violences identifiés dans le rapport ne devraient donc pas être poursuivis.
Le nombre des victimes pourrait en fait être bien supérieur et même dépasser les 700, a estimé Ulrich Weber au cours de la présentation à Ratisbonne, dans le sud de l'Allemagne, du rapport final sur ce scandale qui a éclaté en 2010.
"Une prison, un enfer et un camp de concentration"
Chacune des victimes devrait recevoir jusqu'à 20 000 euros d'indemnisation. Elles ont décrit leur passage dans ce chœur, millénaire et mondialement connu comme "une prison, un enfer et un camp de concentration", "le pire moment de leur vie, marqué par la peur, la violence et la détresse", a dit Ulrich Weber.
L'avocat s'en est pris à l'évêque en poste au moment des faits et lui a reproché de n'avoir pas suffisamment encouragé le dialogue avec les victimes. Il n'a pas non plus épargné Mgr Georg Ratzinger, le frère de l'ancien pape Benoît XVI, qui a dirigé de 1964 à 1994 ce chœur de petits chanteurs.
Mgr Ratzinger, aujourd'hui âgé de 93 ans, a toujours assuré n'avoir pas eu connaissance de sévices sexuels au sein de cette chorale fondée au Moyen-Âge, en 975. Mais selon Ulrich Weber, il était au courant de ces violences et a "détourné le regard" : la "culture du silence" régnait au sein du chœur où la protection de l'institution a primé, a dénoncé l'avocat.
Avec AFP