Interrogé sur la possibilité que Paris envoie un commando pour libérer les deux otages français, le Premier ministre somalien, Omar Abdirashid Sharmarke, a fait savoir que "toutes les options sont sur la table, et rien ne sera exclu".
REUTERS - Le Premier ministre somalien, Omar Abdirashid Sharmarke, a déclaré dimanche que son gouvernement n'excluait aucune option pour obtenir la libération des deux otages français, y compris d'autoriser Paris à envoyer des commandos.
"Toutes les options sont sur la table, et rien ne sera exclu", a-t-il dit à Reuters alors qu'on lui demandait s'il autoriserait éventuellement les autorités françaises à mettre sur pied une opération de type commando.
"Nous n'avons reçu jusqu'à présent aucune demande de rançon et nous travaillons à la libération de ces hommes, quoi que cela exige de nous", a-t-il ajouté dans cette interview. "Nous utilisons des canaux indirects pour éviter qu'il y ait des victimes et de mettre un terme aux discussions."
Les deux Français, en mission d'assistance en matière de sécurité, ont été capturés mardi dernier à l'hôtel Sahafi de la capitale somalienne. Ils sont passés entre les mains de plusieurs groupes et sont aujourd'hui captifs de la milice islamiste Al Chabaab.
Interrogé dimanche sur Europe 1, le sécrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a indiqué avoir des nouvelles "plutôt rassurantes" des deux hommes. "Nous savons qu'ils sont en vie, nous pensons qu'ils sont bien traités.
"Il a ajouté que si des négociations n'étaient "pas engagées à proprement parler", le gouvernement français avait clairement fait savoir qu'il était "prêt à discuter" avec les ravisseurs présumés. "Nous attendons", a-t-il dit. "Les messages passent mais les contacts ne sont pas engagés."
NOUVELLE TACTIQUE
Le Premier ministre somalien, qui s'est dit "optimiste" sur la libération des deux Français, a accusé des "cerveaux étrangers" d'avoir orchestré l'enlèvement, tout comme celui de trois travailleurs humanitaires dans la ville-frontière kényane de Mandera samedi.
"C'est un nouveau moyen de créer de l'instabilité dans l'ensemble de la région. L'enlèvement qui s'est produit à Mandera est identique à celui de Mogadiscio", a-t-il assuré sans viser nommément un pays.
Les trois humanitaires - dont l'ONG pour laquelle ils travaillent souhaite que leurs nationalités ne soient pas rendues publiques - sont détenus à Baidoa, dans le centre-sud somalien, a précisé le Premier ministre somalien.
Selon Sharmarke, qui est le fils d'un ancien président assassiné, ces kidnappings sont la preuve, a contrario, de la résistance de son gouvernement face à l'insurrection.
"Ces groupes ont compris qu'ils ne réussiraient pas à renverser le gouvernement. Ils ont changé leur tactique en enlevant des gens pour empêcher tout progrès."
"J'appelle la région à agir rapidement avant que la situation ne se transforme en une tragédie qu'aucun d'entre nous ne serait capable de contrôler", a-t-il insisté. "Ces groupes veulent remonter un siècle en arrière."
Un responsable de la police et plusieurs habitants de Mogadiscio ont livré une version différente de l'enlèvement des Français en déclarant qu'ils avaient été capturés par une faction gouvernementale avant d'être livrés aux insurgés.
Mais Omar Abdirashid Sharmarke a vigoureusement démenti cette hypothèse: "Cela n'a rien à voir avec les forces de sécurité. Aucune force de sécurité responsable n'aurait assez de confiance pour coopérer avec des criminels."
"Les gens qui ont enlevé les conseillers français sont des criminels du Hizbul Islam et des Chabaab, et ils ont joué un rôle majeur dans l'escalade des enlèvements à travers le pays."