
"Le cap est clair, il doit être tenu". Le Premier ministre Édouard Philippe a dévoilé, mardi, les grandes priorités de son gouvernement en multipliant les annonces lors de sa déclaration de politique générale devant les députés.
Santé, éducation, sécurité, fiscalité … Le Premier ministre Édouard Philippe a multiplié les annonces mardi 4 juillet, lors de sa déclaration de politique générale devant les députés, destinée à fixer les priorités de son gouvernement.
• Simplification et réorganisation de la justice
Le gouvernement va lancer une loi quinquennale de programmation des moyens de la justice "dès 2018", a annoncé Édouard Philippe."Cette loi permettra à la garde des Sceaux d’engager un vaste mouvement de dématérialisation, de simplification et de réorganisation", a-t-il précisé.
Le Premier ministre a aussi confirmé l'engagement pris par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de créer 15 000 places de prison supplémentaires. "Ne pas pouvoir incarcérer ceux qui doivent l'être est inadmissible. Mais aussi parce qu'il nous faut traiter dignement les détenus", a expliqué Edouard Philippe.
• Haro sur le tabac et vaccins obligatoires
En matière de santé, Édouard Philippe a annoncé une réforme permettant une meilleure prise en charge des frais de santé, conformément à une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, et ce dans le but de "rompre le cercle vicieux du renoncement aux soins". "D’ici la fin du quinquennat, tous les Français auront accès à des offres sans aucun reste à charge pour les lunettes, les soins dentaires et les aides auditives", a déclaré le Premier ministre.
"L'an prochain, les vaccins pour la petite enfance qui sont unanimement recommandés par les autorités de santé deviendront obligatoires", a-t-il encore déclaré. Le Premier ministre a aussi annoncé la revalorisation "dès 2018" de l'allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse, actuellement à 800 euros. Il a également rappelé que des mesures "améliorant le congé maternité et les solutions de garde d'enfant" seront annoncés par le ministère de la Santé et des Solidarités.
Le gouvernement "portera progressivement le prix du paquet de cigarettes à 10 euros", contre environ 7 euros actuellement, a-t-il annoncé. "Ne rien faire est exclu" contre le tabac, a expliqué le Premier ministre, promettant aussi de "lutter sans merci contre les trafics".
• Réforme de la taxe d’habitation et très haut débit partout
Édouard Philippe a dévoilé son intention de lancer des "discussions indispensables" avec les collectivités locales au sujet de la réforme de la taxe d'habitation et plus largement sur leur participation à l'effort de redressement des comptes publics. "Nous engagerons la concertation sur la réforme de la taxe d'habitation, qui doit contribuer, d'ici la fin du quinquennat, à rendre du pouvoir d'achat à l'immense majorité de nos concitoyens", a-t-il expliqué.
"Cela doit se faire dans le dialogue et le respect, et avec la prévisibilité nécessaire à toute bonne gestion", a-t-il ajouté. Il a également a promis de garantir l'accès au très haut débit partout en France "au plus tard d'ici 2022", et ce dans le cadre "d’un pacte pour les collectivités" lors de la première Conférence des territoires mi-juillet.
• Réforme de l'asile et lutte contre l'immigration irrégulière
En matière de sécurité et d’immigration, Édouard Philippe a annoncé un projet de réforme mené par l'Intérieur et la Justice pour simplifier la procédure pénale "afin que les forces de sécurité soient libérées de la complexité administrative". Et d’ajouter : "Au printemps 2018, après des expérimentations, ils porteront ensemble un projet de réforme reposant sur des procédures simplifiées", en assurant que cette réforme fera "reculer l'insécurité".
Par ailleurs il a annoncé que son gouvernement présentera "la semaine prochaine" des mesures pour réformer le système de l'asile et lutter contre l'immigration irrégulière, avec une "exigence de dignité" pour que "la France honore sa tradition d'accueil des réfugiés".
Ce plan visera notamment à "réduire les délais moyens" d'instruction des demandes "de 14 à 6 mois" et à "obtenir l'éloignement effectif" des déboutés du droit d'asile, "qui sont en réalité des migrants économiques".
• Faire "profondément évoluer" le bac
Sur le dossier de l’éducation, Édouard Philippe a promis mardi de faire "profondément évoluer" le baccalauréat. "Une concertation sera lancée dès la rentrée prochaine, pour resserrer les épreuves finales autour d'un plus petit nombre de matières et définir ce qui relève du contrôle continu". La concertation aboutira "avant septembre 2018, pour une mise en œuvre complète de cette réforme pour le bac 2021".
Il a aussi affiché une "ambition forte" pour la filière professionnelle, prônant des liens "resserrés" entre le lycée professionnel et les entreprises. Il s'est déclaré en faveur de "diplômes de qualification à bac+1" après le baccalauréat professionnel.
Au sujet des études supérieures, les lycéens concernés se verront proposer "dès la rentrée 2018" des "contrats de réussite étudiante", qui leur indiqueront "les pré-requis" pour réussir dans la filière visée. "Nous n'avons pas le droit d'orienter des générations entières dans des formations inadaptées et sans débouchés", a affirmé le chef du gouvernement.
À propos des universités, elles doivent "continuer à gagner en autonomie, travailler en réseau et se rapprocher du monde économique", le tout "avec l'appui des organismes de recherche". Côté financement, Édouard Philippe a simplement déclaré que "les efforts d'investissements ne seront pas relâchés", sans plus de détails.
• Augmentation de la prime d'activité et suppression du RSI
Le Premier ministre a confirmé mardi la suppression dès 2018 des cotisations salariales, compensée par une hausse de 1,7 point de la Contribution sociale généralisée (CSG). "La suppression des cotisations salariales sur l'assurance maladie et l'assurance chômage, financée par un transfert sur la CSG, redonnera dès 2018 du pouvoir d'achat à plus de 20 millions d'actifs. Cela représente 250 euros par an au niveau du SMIC", a-t-il déclaré, déclenchant de vifs applaudissements.
Il a également annoncé une augmentation de la prime d'activité, versée aux travailleurs à revenus modestes. "Le message aux Français est clair : le travail doit payer", a déclaré le Premier ministre, sans plus de détails sur cette hausse.
Le Régime social des indépendants (RSI) sera supprimé à partir de 2018 et adossé au régime général de la Sécurité sociale, a confirmé Édouard Philippe.
• La France ne peut "demeurer à la fois la championne de la dépense publique et des impôts"
Du coté des finances de l’État et de la politique fiscale, jugeant que face au déficit public et à la dette "nous dansons sur un volcan", le chef du gouvernement a promis de faire baisser la dépense publique de 3 points de PIB sur 5 ans et annoncé qu'elle serait "stable hors inflation en 2018 par rapport à 2017". Et d’assurer : "On ne dépensera pas plus en 2018 qu'en 2017".
Il a également promis de "faire baisser la pression fiscale d'un point de PIB sur la même période", soit une baisse d'impôts de 20 milliards d'euros au cours du quinquennat. La France ne peut "demeurer à la fois la championne de la dépense publique et des impôts" a-t-il insisté.
Le gouvernement présentera "dès la rentrée" un budget pour 2018 et une loi de programmation des finances publiques quinquennale, qui devraient permettre à la Sécurité sociale d'atteindre l'équilibre "à l'horizon 2020". "Nous devrons d'ici là définir de nouvelles règles permettant de proscrire dans la durée le déficit de nos comptes sociaux".
En outre, Edouard Philippe a affirmé qu'"aucun ministère, aucun opérateur, aucune niche fiscale ne serait sanctuarisé". Et d’expliquer : "Si nous voulons financer nos priorités, et ne pas continuer à paupériser l'État, nous devrons choisir et remettre en cause certaines missions (...). Partout nous chasserons la dépense inefficace et le saupoudrage de crédits".
Le locataire de Matignon a indiqué que le taux de l’impôt sur les sociétés sera réduit par étapes jusqu’à 25 % en 2022 et annoncé un report à 2019 de la réforme de l'impôt sur la fortune (ISF), qui sera resserré autour du seul patrimoine immobilier. Et ce afin d’encourager, selon lui, l’investissement dans la croissance des entreprises. Idem pour le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), qui serait transformé en allègement de charges en 2019, "qui seront nulles au niveau du Smic", soit un an plus tard que prévu.