Fort du soutien de Washington, Petro Porochenko s'est rendu à l'Élysée lundi dans l'espoir d'obtenir un appui clair de la part d'Emmanuel Macron dans la crise ukrainienne. Mais, à Kiev, les espoirs d'une résolution du conflit avec Moscou s'amenuise.
Une semaine après avoir rencontré Donald Trump, Petro Porochenko poursuit sa tournée des nouveaux chefs d’État occidentaux. Le président ukrainien s'est rendu, lundi 26 juin, à l’Élysée où il a été reçu par Emmanuel Macron. Fort du soutien de Washington, Porochenko était venu mesurer celui de son homologue français qui, sur le dossier ukrainien, semble s’inscrire dans les pas de son prédécesseur François Hollande.
À l’issue de leur rencontre, le président français s’est montré rassurant en confirmant que la France ne reconnaîtrait pas l'annexion de la Crimée par la Russie. Emmanuel Macron a également estimé qu'on ne devait pas s'habituer au non-respect des accords trouvés à Minsk pour sortir du conflit et a exprimé sa lassitude de voir les réunions en
"format Normandie" ne pas avoir de conclusions concrètes. Aussi a-t-il proposé que les participants soumettent avant la prochaine une liste de préconditions, par exemple sur le retrait des forces militaires et une solution pour les prisonniers.
La date de la prochaine réunion sera fixée très rapidement, a-t-il dit, précisant qu'elle devrait avoir lieu entre les derniers jours de juin et les premiers jours de juillet, dans tous les cas avant le sommet du G20 des 7 et 8 juillet.
Il faut se donner "encore quelques mois pour réussir" dans le cadre du processus de Minsk, avant d'examiner d'éventuelles alternatives, a estimé Emmanuel Macron. Petro Porochenko s'est quant à lui dit "beaucoup plus optimiste" après sa rencontre avec le président français.
Un accord "irréalisable"
Cette rencontre "tait d’autant plus attendue à Kiev qu’"Emmanuel Macron est très populaire en Ukraine", commente Gulliver Cragg, correspondant de France 24 à Kiev. Son élection a été accueillie avec un grand soulagement ici car les trois autres principaux candidats à l’élection présidentielle française étaient perçus, chacun à leur manière, comme pro-russe. Les Ukrainiens espèrent donc avoir devant eux un interlocuteur prêt à maintenir la pression sur Moscou."
Reste que, pour beaucoup à Kiev, la résolution du conflit est encore loin d’être acquise. "Officiellement, tout le monde parle de la nécessité d’appliquer l’accord de paix signé à Minsk début 2015 mais du côté russe comme du côté ukrainien, on ne voit pas forcément une volonté de progresser sur la question. En Ukraine, nombreux sont ceux qui, en privé, admettent que c’est irréalisable", affirme notre correspondant. "Les Ukrainiens ne semblent pas se préparer à une éventuelle réintégration des territoires du Donbass. Et, chez les Russes, on ne voit pas non plus un respect de l’engagement pris par Moscou d’arrêter de soutenir en armes et en munitions les forces déployées dans la région."
Avec AFP