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Bachar al-Assad s’affiche à Hama, ancien épicentre de la contestation contre son régime

Il s’agit d’une sortie hautement symbolique et une nouvelle démonstration de force de Bachar al-Assad. Le président syrien s'est rendu dimanche à Hama, située à 220 km au nord de Damas, à l'occasion de l'Aïd el Fitr.

Jamais Bachar al-Assad ne s’était aventuré aussi loin de Damas depuis le début de la crise syrienne en mars 2011. Le président syrien s'est rendu dimanche à Hama, située à 220 km au nord de Damas, à l'occasion de l'Aïd el Fitr, qui marque la fin du mois sacré du ramadan.

Les médias officiels du régime ont diffusé des images montrant Bachar al-Assad priant parmi les fidèles, à l'aube, dans la mosquée al-Nouri de Hama puis félicitant des fidèles à l'extérieur du bâtiment. Le président syrien était flanqué du ministre des Biens religieux (Waqf) Mohammad Abdel-Sattar Sayyed et du mufti de Syrie Ahmad Badredine Hassoun.

Nouvelle démonstration de force

Sa présence, a dit l'imam qui célébrait la cérémonie, montre que "la victoire et la paix sont à portée de main", selon des propos rapportés par l'agence de presse officielle Sana.

خلال صلاة #عيد_الفطر.. #حماة جامع #النوري.. منذ قليل.. pic.twitter.com/JIByNttNr5

— Syrian Presidency (@Presidency_Sy) 25 juin 2017

Il s’agit d’une sortie hautement symbolique et une nouvelle démonstration de force de Bachar al-Assad, qui quitte très rarement Damas et dont les sorties en public sont assez rares. De par la distance qui la sépare de Damas, et du fait que les rebelles se trouvaient encore à quelques kilomètres de cette ville en mars, le dirigeant syrien n’a pas choisi cette cité, la quatrième plus grande ville du pays, par hasard.

De plus, Hama était l’un des bastions de l’opposition au régime au début de la révolte syrienne, avant que la crise ne débouche sur une insurrection armée. Le 1er juillet 2011, une manifestation anti-régime avait rassemblé plus d'un demi-million de personnes à Hama, faisant de cette ville l’un des principaux épicentres de la révolte.

Une ville traditionnellement hostile au clan Assad

Alors qu’elle était le théâtre de manifestations monstres contre Bachar al-Assad, qui avait ordonné le siège de la ville, Robert Ford, l’ambassadeur américain qui était en poste dans le pays à l’époque, y avait une effectué une visite très médiatisée en juillet 2011. Une visite destinée à "établir le contact" avec l'opposition qui avait provoqué la colère de Damas. Eric Chevallier, ambassadeur de France en Syrie, s’était lui aussi rendu au chevet des manifestants.

Traditionnellement hostile au clan Assad et historiquement contestataire, Hama est depuis 1982 un symbole historique, après la répression sanglante d'une révolte islamiste du mouvement interdit des Frères musulmans contre le président Hafez al-Assad, père de Bachar, qui avait fait 20 000 morts. Un épisode violent, mené par Rifaat al-Assad, le propre frère du chef de l'État de l'époque, qui avait permis à la famille Assad de resserrer sa mainmise sur le pays en étouffant toute velléité de contestation... jusqu’en 2011.

Contrôler la province de Hama revêt une importance vitale pour le gouvernement car cela lui permet d'isoler la province voisine d'Idlib, en majorité contrôlée par les rebelles, de celle de Damas, plus au sud, et de celle de Lattaquié, plus à l'ouest, deux bastions du régime.

L'an dernier, Bachar al Assad était allé prier à Homs, 160 km au nord de la capitale. Il ne s'est pas encore rendu à Alep, première ville du pays avant la guerre, dont l'armée a achevé la reconquête en décembre.

Avec AFP