Critiquée pour sa gestion après l'incendie d'une tour à Londres qui a fait au moins 30 morts, Theresa May a promis vendredi un fonds d'aide aux victimes. Des habitants, excédés, ont manifesté en scandant des slogans hostiles à la Première ministre.
La première ministre britannique Theresa May a annoncé vendredi 16 juin l'instauration d'un fonds d'aide aux victimes de l'incendie d'une tour d'habitation à Londres qui a fait au moins 30 morts. Le montant de l’aide s’élève à 5 millions de livres, soit 5,71 millions d'euros, et sera destiné à l'achat de biens de première nécessité pour les rescapés.
Cette annonce intervient alors que Theresa May est très vivement critiquée pour la gestion de cette crise. Jeudi, soit deux jours après l’incendie, elle s'était rendue sur les lieux du drame pour rencontrer les responsables des pompiers et de la police, mais n'était pas allée à la rencontre des habitants, qui le lui reprochent violemment depuis. Elle s'est finalement rendue vendredi au chevet des victimes, où le chef de l'opposition, Jeremy Corbyn, le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, la reine Elizabeth et son petit-fils le prince William s’étaient déjà succédé.
Dans un éditorial cinglant, le quotidien The Guardian compare ce faux pas à celui de George W. Bush lors de la tempête Katrina. Le président américain avait survolé la Louisiane sans se poser. La photo le montrant en train de contempler la zone dévastée à travers le hublot de l'avion présidentiel était rapidement devenue le symbole d'une administration déconnectée de la réalité.
"Elle est finie"
"Theresa May a eu trop peur de rencontrer les survivants de Grenfell (le nom de la tour, NDLR). Elle est finie", affirme le quotidien de gauche, alors que la dirigeante conservatrice a été conspuée après être revenue dans le quartier pour rencontrer dans une église des personnes affectées par le drame.
En fin d'après-midi vendredi, une centaine d'entre eux ont envahi la mairie de quartier de Kensington et Chelsea, où se dresse l'immeuble de logements sociaux dans l'ouest de Londres, aux cris de "Pas de justice, pas de paix" et de "Tueurs". Dans le cortège, la Première ministre conservatrice a été prise pour cible : "Theresa May, il est temps de partir", "Tories dehors", a crié la foule.
Plusieurs centaines d'autres personnes étaient rassemblées à l'extérieur du bâtiment public, dans une atmosphère très tendue, reprochant aux autorités de cacher le nombre réel de victimes et de les tenir dans l'ignorance.
Les manifestants reprochent aussi aux autorités locales de ne pas avoir entendu leurs cris d'alerte concernant la sécurité du bâtiment de 24 étages, parce qu'ils provenaient d'une population majoritairement modeste. Nombre d'entre eux ont affirmé qu'il n'y avait pas d'issue de secours, pas d'extincteur et pas d'alarme incendie.
Le gouvernement a ordonné l'ouverture d'une enquête publique pour faire la lumière sur les causes de la catastrophe. Pour le moment, seules deux victimes ont été nommées. Il s'agit de Mohammed Alhajali, un réfugié syrien de 23 ans qui étudiait l'ingénierie civile, et d'une photographe britannique de 24 ans, Khadija Saye.
Avec AFP et Reuters